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Le Grand Conseil vaudois favorable à l'apprentissage du suisse allemand à l'école

L’apprentissage du suisse-allemand à l’école fait débat dans le canton de Vaud
L’apprentissage du suisse-allemand à l’école fait débat dans le canton de Vaud / 19h30 / 2 min. / le 29 novembre 2023
Le Grand Conseil vaudois souhaiterait que le suisse allemand soit enseigné dans les écoles du canton. Il a demandé mardi au Conseil d'Etat, lui-même opposé à cette mesure, d'élaborer une stratégie pour permettre l'apprentissage du dialecte.

L'auteur du postulat, le député Vert au Grand Conseil David Raedler, a affirmé que l'allemand ne suffisait pas en Suisse, le suisse allemand étant davantage parlé que le "Hochdeutsch" dans la vie sociale ou professionnelle. "Il s'agit bien d'une langue, pas d'un vieux patois réservé aux fêtes de yodel", a-t-il déclaré, soulignant que les jeunes Vaudois n'avaient "aucune maîtrise" de cette langue en sortant de l'école.

Selon lui, il en va de la "cohésion nationale" et de la possibilité d'accéder au marché du travail, où 63% des échanges se font en suisse allemand. Sans un apprentissage du dialecte, "on se prive d'opportunités économiques", a-t-il ajouté. Pour l'élu écologiste, l'apprentissage de l'allemand doit avoir "la primeur", mais il devrait être "complété" par celui du suisse allemand.

Au final, le postulat pour le suisse allemand à l’école a été accepté par 71 voix contre 67 et deux abstentions au Grand Conseil. Malgré cette victoire, David Raedler garde quand même un goût amer de ces délibérations. "Certains propos tenus pendant le débat n'étaient pas très utiles", regrette le député dans le 12h45 de la RTS, "là où on dit qu'il faut privilégier l'anglais ou que l'allemand standard est déjà difficile".

La gauche a cependant réservé un bon accueil à ce postulat. La socialiste Aude Billard a notamment jugé cet apprentissage "fondamental", ne serait-ce que par "respect et intérêt" pour les Suisses alémaniques.

Grille horaire déjà pleine

Le postulat demande concrètement un rapport au Conseil d'Etat, dans lequel il devra déterminer la meilleure façon et le meilleur moment de proposer des cours de suisse allemand, qui pourraient être obligatoires ou facultatifs.

A droite de l'hémicycle, plusieurs députés ont souligné que l'apprentissage du suisse allemand devait relever de "la responsabilité individuelle", l'école étant en charge d'enseigner la langue nationale, à savoir l'allemand. "Le problème n'est pas d'apprendre le suisse allemand, mais de mieux maîtriser l'allemand", a affirmé Fabrice Moscheni (UDC). Son collègue de parti Nicolas Bolay a, lui, remarqué qu'il y avait plusieurs dialectes et que l'école ne pourrait pas choisir lequel enseigner.

Le conseiller d'Etat en charge de l'enseignement, Frédéric Borloz, s'est aussi opposé à ce postulat en mentionnant plusieurs problématiques, à commencer par des grilles horaires qui sont déjà pleines. "On fait déjà des choses", rappelle-t-il. "On n'a pas l'intention d’aller plus loin parce qu'on n'a pas la place dans le Plan d'étude romand (PER) et si on va plus loin, on doit diminuer une autre branche".

Favoriser les échanges linguistiques

De plus, il n'y aurait actuellement aucune demande venant des élèves, des parents ou des enseignants pour introduire le suisse allemand. Il a aussi indiqué que les cours facultatifs proposés à l'époque n'avaient pas rencontré de succès.

Pour renforcer l'allemand, mais aussi familiariser les jeunes Vaudois au suisse allemand, Frédéric Borloz a indiqué que le Conseil d'Etat allait "continuer de déployer beaucoup d'efforts pour favoriser les échanges linguistiques." Il a notamment rappelé que des accords existaient déjà avec d'autres cantons, comme Zurich, Zoug ou Appenzell.

Si l’école vaudoise devait toutefois introduire le suisse allemand, ce ne serait pas une première. A Neuchâtel et à Genève par exemple, les élèves peuvent s'initier aux dialectes alémaniques.

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Sujet TV: Julien Guillaume

Adaptation web: edel avec ats

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