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La présidente du Conseil de fondation de la Haute école de Musique de Lausanne s’en va

La Haute école de musique est-elle ingouvernable?
La Haute école de musique est-elle ingouvernable? / Forum / 3 min. / le 26 mai 2023
Les crises s'enchaînent à la Haute école de musique Vaud Valais Fribourg (HEMU) depuis plusieurs années. Et la démission annoncée de la présidente du Conseil de Fondation, nommée pour veiller à la réforme de l’école, intervient dans un contexte miné.

Josiane Aubert s’en ira à la fin du mois du juin. Elle quitte ainsi la présidence du Conseil de Fondation de la Haute école de Musique Vaud Valais Fribourg (HEMU), qui fait partie du réseau HES de Suisse occidentale.

Départ gardé confidentiel

Ce départ a été gardé confidentiel. Rien n'a filtré, aucune communication officielle n'a eu lieu alors que Josiane Aubert l’avait annoncé au début du mois au Département de l’enseignement et de la formation du Canton de Vaud, qui est l’autorité de tutelle de l’école et le principal bailleur de fonds.

Même s’il est compréhensible que l’ancienne conseillère nationale socialiste, âgée de 74 ans, cède sa place après un mandat de 5 ans, ce départ tombe mal pour la HEMU.

Car dans le cadre de son mandat, la mission de Josiane Aubert était de reposer les bases permettant à l’institution de revenir à un fonctionnement normal. Or la haute école n'est pas encore sortie des nombreuses crises qui la secouent (lire encadré).

Il y a encore du travail à faire mais j'estime que l'institution est en bonne voie

Josiane Aubert, présidente du Conseil de fondation de la Haute école de musique de Lausanne

Dernièrement, blick.ch révélait notamment qu'une dizaine d'élèves et des professeurs de la section "musiques actuelles" étaient en grande souffrance à cause d'un cadre de l'école. Et au Grand Conseil vaudois, le député socialiste Denis Corboz vient de déposer une interpellation. Il s'inquiète des grandes tensions et de la souffrance généralisée qu'il aurait constatées dans cette section. Il pointe aussi du doigt l'important taux de rotation du personnel administratif.

Pas un aveu d'impuissance

Contactée, Josiane Aubert confie au micro de Forum que son départ ne constitue en aucun cas un aveu d'impuissance. "Je pense qu'il y a un énorme travail de réorganisation qui a été fait à l'intérieur. Il y a encore du travail à faire mais j'estime que l'institution est en bonne voie."

Mais ce n'est pas l'avis de tout le monde, en tout cas pas celui de Denis Corboz. L’élu pointe du doigt toute la gouvernance de l'école pour n'avoir pas pris la mesure de la situation.

Cela me fait mal pour les étudiants et pour l'image de l'institution. Ce n'est pas une solution de vouloir toujours régler les problématiques par médias interposés

Josiane Aubert, présidente du Conseil de fondation de la Haute école de musique de Lausanne

La principale intéressée tient à remettre en perspective la situation. Selon elle, les problèmes actuels ne concerneraient qu'une vingtaine d'étudiants et leurs professeurs de la section des musiques actuelles, alors que l'école compte plus de 500 élèves. Elle appelle donc les protagonistes à régler leurs problèmes à l'interne pour ne pas ternir la réputation de l’école.

"C'est terrible. Moi, je quitte cette école mais ça me fait mal pour les étudiants et pour l'image de l'institution. Ce n'est pas une solution de vouloir toujours régler les problématiques par médias interposés."

Complexité du contexte

Et Josiane Aubert de rappeler aussi la complexité du contexte: la HEMU est en effet une institution qui allie l'enseignement professionnel de type HES et l'enseignement non professionnel avec le Conservatoire. Avec à chaque fois des cadres légaux qui sont différents. Et pour rien n'arranger, l'école se trouve sur trois cantons.

Dans le cadre de son devoir de surveillance et de ses attentes vis-à-vis des missions d’enseignement de l'école, le Canton de Vaud dit suivre activement le développement de l’institution. Et les autorités vaudoises, en concertation avec Fribourg, le Valais et la Ville de Lausanne, sont actuellement à la recherche d'un successeur à Josiane Aubert.

A noter que dans le futur, la direction de l’école veut porter une attention toute particulière à la section "musiques actuelles". Les premiers diplômés étant sortis en 2019, cette section est toute jeune et pose problème depuis le début. Un comité d’orientation composé de professionnels du domaine suisses et étrangers a donc été nommé par la direction de l’HEMU, et devrait se réunir ces prochaines semaines.

Ses missions? Aider ces musiques à trouver leur place dans le monde académique, ou encore faire cohabiter ce milieu musical et ses règles avec les exigences des diplômes d’une HES. Il faut savoir que les musiques actuelles couvrent un domaine très vaste et en constant mouvement, allant de l’électro, au rock, en passant par la pop ou la chanson française

Martine Clerc/fgn

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Les crises ne sont pas nouvelles

Les crises touchant la Haute école de musique Vaud Valais Fribourg (HEMU) ne sont pas nouvelles. Elles s’accumulent depuis plus de 6 ans, avec une crise majeure en 2017-2018.

Le directeur de l'époque avait été remercié avec effet immédiat . Raison invoquée: un  management dictatorial. Un gros coup de balai avait aussi chahuté le Conseil de Fondation. Et c’est lors de cette crise majeure que Josiane Aubert avait été nommée.

L’an dernier, une autre tempête a encore secoué le Conservatoire: pas moins de six doyens avaient démissionné en bloc, dénonçant une gouvernance autoritaire et dangereuse.

La direction et la présidente sortante assurent que les restructurations ont été faites, mais qu’il faut encore attendre pour que les mesures portent leurs fruits.

>> Lire aussi : Démission en bloc des six doyens du Conservatoire de Lausanne