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Dopés par la canicule, des cornichons gros comme des courgettes

La canicule a accéléré le développement habituel des cornichons. Dépassés, les producteurs croulent sous les invendables
La canicule a accéléré le développement habituel des cornichons. Dépassés, les producteurs croulent sous les invendables / 19h30 / 2 min. / le 12 août 2022
Conséquence des températures caniculaires de cet été, les cornichons poussent à vue d’œil. Les agriculteurs peinent à suivre la cadence, forcés de récolter une proportion record de fruits invendables.

Sur un tapis roulant, des cornichons fraîchement récoltés défilent par centaines. Une petite dizaine d'ouvriers agricoles s'activent pour les trier. Leur patron Aurélien Jordan, établi à Carrouge (VD), cultive ces cucurbitacées depuis cinq ans mais n’avait jamais vu ça: environ un tiers du volume de sa récolte est invendable.

"Avec la météo extrême qu’on a ces jours, c’est vraiment très difficile", déplore Aurélien Jordan, interrogé vendredi dans le 12h45, au milieu de palettes remplies de fruits hors calibre, certains atteignant la dimension d’une courgette.

Jusqu'à 7 cm par jour

Ces cornichons poussent très rapidement avec les températures caniculaires. "Jusqu’à 7 cm de croissance par jour, contre 2 à 4 en temps normal", précise l’agriculteur vaudois.

Forcément, dans les champs, la fastidieuse récolte des cornichons bat son plein. Il est toutefois difficile de suivre la cadence, même en travaillant sept jours sur sept. "On était parti sur deux équipes, ce qui représente une bonne quinzaine de personnes, mais on a dû réembaucher une équipe complète", explique Aurélien Jordan.

Ce renforcement des effectifs aura inévitablement un impact sur la marge des agriculteurs en fin d’année, la main d’œuvre représentant environ 80% des coûts de production du cornichon.

La cueillette des cornichons sur un drôle d'engin appelé la "montgolfière". [RTS - Yoan Rithner]
La cueillette des cornichons sur un drôle d'engin appelé la "montgolfière". [RTS - Yoan Rithner]

Année abondante, pertes importantes

Malgré une marge réduite et des pertes importantes, la récolte de cette année s’annonce abondante.

Chez Reitzel, l’entreprise établie à Aigle (VD) qui achète les cornichons d’Aurélien Jordan et d’une quarantaine d’autres agriculteurs romands et alémaniques, un tiers de la production est suisse. Dans cette usine, les cornichons sont triés dans une calibreuse mécanique. Ceux qui ne répondent pas aux standards du marché sont écartés.

Le président de Reitzel Bernard Poupon relève que les consommateurs aiment les petits calibres qu'on appelle cornichons, mais aussi les plus gros qu'on appelle les concombres, où Gurken en allemand, qui sont au goût aigre-doux. Mais il y a un calibre au-delà duquel on ne peut pas aller, ajoute-t-il, à savoir 11 centimètres: "D’abord, cela n'entre pas dans le bocal et en plus les consommateurs aiment moins."

Le travail du tri des cornichons en fonction du calibre. [RTS - Yoan Rithner]
Le travail du tri des cornichons en fonction du calibre. [RTS - Yoan Rithner]

Lutte contre le gaspillage

Au vu des volumes exceptionnels de marchandises invendables cette année, plusieurs initiatives pour réduire les pertes ont émergé. Notamment celle de l’association "Too Good To Go", qui a mis en place une distribution en libre-service devant l’entrée de Reitzel, pour seulement 2 francs les 10 kilos.

Dix tonnes de marchandises ont déjà ainsi pu être sauvées. Les revenus de l'opération, eux, sont reversés à "Table suisse", une association venant en aide aux personnes dans le besoin. Quant aux génisses d'Aurélien Jordan, elles contribuent elles aussi à lutter contre le gaspillage en se délectant des cornichons invendus.

Les vaches se délectent des cornichons trop gros. [RTS - Yoan Rithner]
Les vaches se délectent des cornichons trop gros. [RTS - Yoan Rithner]

Yoan Rithner

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