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L'UBS occupée à Lausanne, alors que le procureur conteste l'acquittement des activistes pro-climat

Des activistes du climat ont déversé du charbon sur le sol de la banque UBS à Lausanne
Des activistes du climat ont déversé du charbon sur le sol de la banque UBS à Lausanne / 19h30 / 2 min. / le 14 janvier 2020
Le Parquet vaudois a décidé mardi de saisir la Cour d'appel après l'acquittement des activistes du climat lundi à Renens. Le procureur général Eric Cottier reprend le dossier. Il estime que le jugement donne "une réponse surprenante à une question juridique de principe". Le même jour, une nouvelle action climat a eu lieu à Lausanne, cette fois à l'UBS.

Eric Cottier, qui s'est lui-même saisi du dossier, estime que le Tribunal de police de l'arrondissement de Lausanne, dans son jugement acquittant les douze activistes concernés, a donné "une réponse surprenante à une question juridique de principe".

Le Tribunal a retenu un "état de nécessité licite", en application de l'article 17 du code pénal, en raison d'une urgence climatique indéniable. "Cette décision paraît étendre le champ d'application de cette disposition nettement au-delà des limites fixées jusqu'ici par la jurisprudence, dans un contexte comportant des aspects politiques", relève pour sa part le procureur général.

Le magistrat estime que ce verdict soulève des "doutes importants" quant à sa "conformité" aux règles générales du droit pénal. Il a par conséquent décidé de porter l'affaire devant l'instance d'appel cantonale. Et quelle qu'en soit l'issue, la probabilité est élevée que le dossier soit ensuite soumis au Tribunal fédéral.

Le procureur général reprend désormais le dossier. Une décision motivée par les "principes juridiques fondamentaux qui sont en jeu", Eric Cottier saluant l'ordonnance "détaillée et solidement motivée" de la procureure qui avait instruit les faits "de manière complète".

>> Ecouter aussi l'interview de Xavier de Haller dans Forum :

Le Ministère public vaudois annonce un recours à l’acquittement des 12 activistes climatiques: interview de Xavier de Haller
Le Ministère public vaudois annonce un recours à l’acquittement des 12 activistes climatiques: interview de Xavier de Haller / Forum / 3 min. / le 14 janvier 2020

Nouvelle action à l'UBS

Peu de temps avant que cette décision de justice tombe, des militants climatiques ont mené une nouvelle action dans une banque à Lausanne. Cette fois c'est l'UBS qui a été visée. L'opération, prévue de longue date, a été organisée dans le cadre de la campagne pour l'élection complémentaire au Conseil d'Etat vaudois le 9 février prochain par la Grève du Climat Vaud.

>> Voir aussi le sujet de Forum :

Lausanne: des activistes du climat ont organisé une démonstration pour dénoncer les investissements d'UBS dans les énergies fossiles. [EPA/Keystone - Laurent Gilliéron]EPA/Keystone - Laurent Gilliéron
Lausanne: des grévistes du climat occupent une filiale UBS pour dénoncer l’investissement dans les énergies fossiles / Forum / 2 min. / le 14 janvier 2020

Le mouvement a lancé une candidate, désignée par tirage au sort, en la personne de Juliette Vernier. Celle-ci était présente lors de l'action - non annoncée - qui s'est déroulée à la filiale UBS de la place St-François de 14h30 jusqu'à peu avant 17h00.

Les activistes avaient un délai jusqu'à 16h00 pour quitter la banque. [RTS - Pauline Turuban]
Les activistes avaient un délai jusqu'à 16h00 pour quitter la banque. [RTS - Pauline Turuban]

Une vingtaine de militants, dont certains en tenue de banquier - costume cravate pour les hommes, tailleur pour les femmes - se sont introduits dans le hall central de la banque. Ils ont répandu du charbon sur le sol, agité des banderoles et chanté des chansons à slogans. Les participants ont exigé de l'UBS "la fin immédiate des investissements dans les énergies fossiles".

Discussions avec les responsables

Des activistes climatiques menant une action à UBS à Lausanne. [RTS - Pauline Turuban]
Des activistes climatiques menant une action à UBS à Lausanne. [RTS - Pauline Turuban]

L'action, pacifique, s'est déroulée sous une forme humoristique et théâtrale. Des responsables de la banque, dont deux porte-parole, sont assez vite venus à la rencontre des manifestants. Une longue discussion s'est engagée entre eux sur le climat, la pollution, le réchauffement, la responsabilité des banques et des entreprises, chacun campant sur ses arguments.

"Nous avons souhaité engager le débat avec les manifestants. Les responsables de la banque ont dialogué avec eux pendant plus d'une heure, puis leur ont proposé de quitter le bâtiment, ce qu'ils ont refusé avant de se raviser", a indiqué la porte-parole romande de l'UBS Anne-Caroline Dunphy.

La police, elle, est arrivée sur place après une quinzaine de minutes, avec trois ou quatre véhicules et une vingtaine d'agents. Devant la banque, une dizaine de militants étaient aussi présents, dont deux la tête enfouie dans un sac de tissu se tenant debout sur du charbon avec des pancartes.

Vers 16h50, les activistes sont finalement sortis de la banque en cortège, après que la police a préalablement relevé leur identité. Aucune arrestation n'a eu lieu. UBS n'était pas encore en mesure de dire si elle porterait plainte ou non.

>> Ecouter la conseillère aux Etats Verte Adèle Thorens réagir dans le 19h30 de la RTS :

Adèle Thorens "Le jugement est lié à une action spécifique. Chaque cas sera traité différemment selon la proportionnalité."
Adèle Thorens "Le jugement est lié à une action spécifique. Chaque cas sera traité différemment selon la proportionnalité." / 19h30 / 3 min. / le 14 janvier 2020

jfe avec ats

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Un jugement politique?

A l'origine de l'acquittement des douze activistes, il y a un homme: le président du Tribunal de police de l'arrondissement de Lausanne, Philippe Colelough. Depuis lundi, plusieurs observateurs parlent d'un jugement politique. Le juge est ouvertement politisé, mais au sein du PLR, qui l'a confirmé.

Philippe Colelough a été juge cantonal de 2010 à 2014, mais dans le domaine il n'est pas connu pour être un militant: "Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas connu pour sa fibre écologiste", témoigne un avocat pénaliste qui le cotoie depuis vingt ans. Plusieurs de ses collègues se disent aussi surpris par le verdict rendu par le magistrat. Ces dernières années, il s'est même plutôt illustré par des jugements répressifs, notamment dans les affaires Légeret et Ségalat.

>Les explications complètes de Martine Clerc dans Forum: