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"Je vois une communauté albanaise qui fait partie intégrante de la Suisse"

L'invité de La Matinale - Lorik Cana, ancien footballeur de passage à Lausanne pour la 3e  édition de Lausanne Méditérannée
L'invité de La Matinale (vidéo) - Lorik Cana, ancien footballeur de passage à Lausanne pour la 3e édition de Lausanne Méditérannée / La Matinale / 9 min. / le 4 octobre 2019
Le monde albanophone est à l'affiche de la 3e édition de Lausanne Méditerranées. Cet événement se tient du 28 septembre au 5 octobre dans le chef-lieu vaudois. Pour l'occasion, l'ancien footballeur Lorik Cana, très impliqué en Albanie, évoque la communauté albanaise en Suisse.

L'ex-joueur international albanais a fui son pays d'origine à cause des guerres qui ont frappé l'ex-Yougoslavie pour rejoindre la Suisse à l'âge de six ans. Lorik Cana s'est installé avec sa famille dans le canton de Vaud, rejoignant rapidement les rangs du Lausanne-Sport quelques années plus tard.

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"La nouvelle génération sera suisse"

Interrogé vendredi dans la Matinale, Lorik Cana se remémore son arrivée en Suisse: "On est venus après les Italiens, les Portugais, les Espagnols. Notre communauté s'est retrouvée avec deux réalités. Il fallait s'adapter de la meilleure des manières dans une nouvelle société, tout en essayant d'amener le meilleur de notre culture".

Aujourd'hui, l'ancien joueur du Paris-Saint-Germain, de l'Olympique de Marseille, ou encore de la Lazio de Rome, analyse le chemin parcouru par la population albanophone dans son pays d'accueil: "Je fais partie de ceux qui sont encore nés au Kosovo, mais maintenant, on arrive à la génération qui est née en Suisse, et dans quelques années, la nouvelle génération sera intégralement suisse, aux origines albanaises. Mais quand je reviens, je vois une communauté qui fait déjà partie intégrante du pays, du panorama, et qui y vit intensément".

Le sport, ce facteur d'intégration...

L'homme aux 94 sélections en équipe d'Albanie a terminé sa carrière professionnelle il y a trois ans au FC Nantes, dans le championnat de France. Depuis, il est à la tête de la fondation LC5, basée en Albanie, dont l'objectif est de donner la possibilité aux jeunes de faire du sport, mais aussi de défendre l'héritage culturel de cette région des Balkans.

Le sport a justement été un facteur important d'intégration de la communauté albanaise en Suisse. Granit Xhaka ou Xherdan Shaqiri en sont les meilleurs exemples, eux qui défendent le maillot rouge à croix blanche depuis de nombreuses années. "Le sport, mais aussi l'art et la musique, sont les meilleurs ambassadeurs d'une nation. Dans le cas spécifique de la Suisse, ces joueurs ont apporté leur pierre à l'édifice en essayant de représenter au mieux le peuple albanophone. Je pense qu'ils ont eu des excellents résultats et nous sommes très fiers qu'ils aient porté la contribution albanaise à la Suisse", estime Lorik Cana.

De nouveaux modèles

L'intégration devrait même ne plus se borner au sport et d'autres modèles albanophones devraient émerger en Suisse, selon Lorik Cana. "C'est quelque chose qui sera naturel et qui va arriver. Plus le temps va passer, plus on aura de représentants dans chaque part de la société. Lausanne Méditerrannées permet justement de rencontrer des gens de notre communauté qui excellent dans des domaines comme le business, la politique. A Lausanne, par exemple, Musa Kamenica est devenu le premier conseiller communal d'origine albanaise".

Jérémie Favre

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"S'appuyer sur l'expérience de l'armée suisse"

Depuis 20 ans, des militaires suisses sont établis au Kosovo pour le maintien de la paix dans la région. Le Conseil fédéral et le Parlement doivent discuter d'ici la fin de l'année de la prolongation de la Swisscoy au-delà de 2020 et de ses effectifs.

"Ça m'arrive de les croiser souvent quand je vais voir ma famille. C'est une autre force en présence dans la région, mais c'est différent de ce que l'on a vécu après le conflit de 1999", constate Lorik Cana.

L'ancien footballeur souhaite toutefois que le jeune pays prenne petit à petit son indépendance, y compris dans le domaine de la sécurité. "Je pense que c'est important de déléguer gentiment à nos structures, mais toujours en ayant quelqu'un derrière nous durant cette phase de transition. On a plus besoin d'une assistance technique pour former nos institutions, notre police, notre armée, à pouvoir prendre la relève et s'appuyer sur l'expérience de l'armée suisse, par exemple", admet Lorik Cana.