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Importante mortalité des poissons attendue après une vidange du barrage des Toules

Les résultats sur la pollution des poissons aux PFAS en Valais sont "rassurants". [Service de l'environnement valaisan]
La mortalité des poissons dans la Dranse s'annonce massive après une vidange du barrage des Toules / Le Journal horaire / 21 sec. / le 22 mars 2024
Des pêches électriques sont menées ces jours sur toute la longueur de la Dranse pour évaluer la mortalité piscicole survenue après une vidange autorisée du barrage des Toules (VS). Les pertes s'annoncent massives. Selon les pêcheurs, l'heure doit être à la réflexion.

"Nous avons mesuré à certains endroits des taux de sable dans l'eau s'élevant à 98%. Aucun poisson ne peut survivre à ça", se désole Julien Moulin, président de la Société des pêcheurs amateurs du district d'Entremont, en Valais.

Pour comprendre la source du problème, il faut remonter le fil du temps. Le 4 mars, une vidange autorisée du barrage des Toules a débuté pour des raisons de sécurité. Le niveau s'est abaissé progressivement jusqu'au mercredi 6 mars.

Mais ce jour-là, plus de sédiments que prévu se sont déposés le long de la rivière de la Dranse d'Entremont. Les taux de concentration de sable dans l'eau inscrits dans la législation fédérale ont été largement dépassés, provoquant un manque d'oxygène.

"La perte piscicole sera conséquente", prédit James Derivaz, directeur de Dransenergie, société mandatée par les Forces Motrices du Grand-St-Bernard, propriétaire du barrage des Toules.

Évaluer la mortalité piscicole

Une inquiétude confirmée par les pêches électriques menées ces derniers jours tout au long de la Dranse. La technique étourdit les poissons, pour les dénombrer avant de les remettre à l'eau.

Cette fois-ci, les pertes s'annoncent massives. Les résultats de la pêche effectuée jeudi sur cinq tronçons de la rivière n'ont pas encore été communiqués, mais ils tomberont "dans les jours à venir", a indiqué le service valaisan de la chasse, de la pêche et de la faune (SCPF).

"Tout un labeur perdu"

La Dranse d'Entremont est "l'une des rivières les plus pêchées en Valais", précise Julien Moulin.

Chaque année, des dizaines de milliers de poissons élevés dans la pisciculture des Trappistes sont déversés dans le cours d'eau où certains grandiront durant six à sept ans. "Tout un labeur perdu d'un seul coup", regrette le président des pêcheurs d'Entremont.

Solution de fond

Mais au-delà des indemnisations attendues, les pêcheurs veulent une solution. Julien Moulin évoque l'exemple du barrage de Mauvoisin.

Ce dernier a été rehaussé, et l'imposante vanne de vidange a été installée une trentaine de mètres au-dessus du fond du barrage. Elle peut ainsi être ouverte ou fermée sans être entravée par les sédiments.

Les Forces Motrices du Grand-St-Bernard "vont analyser la possibilité de modifier le système de vidange", assure James Derivaz.

"En rehaussant [la vanne de vidange], nous disposerions d'une marge de plusieurs années puisque nous avons observé que la masse d'alluvions avait augmenté de 1,50 mètre en 14 ans", précise-t-il encore.

Coûts pour perte piscicole

Mais d'ici là, le propriétaire du barrage des Toules devra prendre en charge tous les coûts dus aux effets de cette vidange, notamment ceux du "rinçage" prévu en mai, et qui doit évacuer jusqu'au Rhône les sédiments déposés sur toute la longueur de la Dranse.

Tout comme les indemnisations pour la perte piscicole, qui, lors de la dernière vidange au déroulé similaire en 2010, s'étaient montées à quelque 80'000 francs.

ats/doe

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