"Compromis" ou "fourre-tout", le projet de nouvelle Constitution divise le Valais

Le Valais est l'un des tous derniers cantons à n'avoir jamais révisé entièrement sa Constitution, depuis sa première rédaction en 1907. Pour y remédier, une assemblée citoyenne a été élue pour l'occasion pour rédiger une nouvelle version. Cette dernière contient 190 articles.

Jenny Voeffray, Centriste du Valais romand et membre du collège présidentiel de la Constituante considère lundi au micro de l'émission Forum de la RTS que "la société a changé". De ce fait, un texte "a été élaboré de façon la plus professionnelle possible" afin de "rendre à la population valaisanne une Constitution digne du 21e siècle", détaille-t-elle.

Les changements portent notamment sur les institutions. Le Conseil d'Etat valaisan serait désormais composé de sept membres, au lieu de cinq. Davantage de communes disposeraient d'un conseil général, soit un législatif élu. Par ailleurs, les treize districts actuels seraient découpés en six régions.

La nouvelle Constituante contient aussi des objectifs, censées guider de futures lois, comme les droits à un environnement sain et à l'intégrité numérique, la protection des lanceurs d'alerte ou la recherche d'un tourisme plus équilibré entre la plaine et la montagne.

Perte d'influence du Haut-Valais?

Le vote final de la Constituante a été marqué par une forte opposition de la part des Haut-Valaisans. Toute la droite germanophone, majoritaire dans la région, a refusé le paquet de 190 articles.

La minorité linguistique s'estime lésée, au point que les plus fâchés appellent à la création de deux demi-cantons. Elle craint en effet une perte d'influence, comme la nouvelle Constitution lui abaisserait son nombre de députés et ne lui garantirait toujours qu'une place au gouvernement cantonal agrandi.

"La Constituante a manqué l'occasion de présenter un objet fédérateur", rassemblant tous les Valaisans, estime le Centriste haut-valaisan et chef de groupe Matteo Abächerli au micro de Forum. Il déplore surtout la perte de sièges au Grand Conseil pour les germanophones, un "manque de considération" pour la minorité linguistique.

Droit de vote des étrangers en suspens

Spécificité valaisanne de cette Constituante, la population devra se prononcer sur deux variantes du texte. L'une contiendra le droit de vote et d'éligibilité des étrangers au niveau communal, l'autre non.

Les Valaisans devront ainsi choisir s'ils souhaitent octroyer les droits civiques aux personnes bénéficiant d'un permis C et établies depuis au minimum un an dans le canton. Cette question, jugée sensible, a été sortie du paquet de 190 articles pour éviter un échec de l'ensemble de la réforme.

Romain Carrupt/mera