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Le Valais ne veut pas aider ses vignerons aveuglément

Le Valais s'apprête à débloquer 14 millions de francs pour ses professionnels de la vigne. Mardi, le Grand Conseil leur a exprimé un soutien quasi unanime après une année difficile. Mais plusieurs partis souhaitent renforcer les conditions d'obtention de ces aides. [KEYSTONE - LAURENT GILLIERON]
Le Valais ne veut pas aider ses vignerons aveuglement / La Matinale / 1 min. / le 9 mars 2022
Le Valais s'apprête à débloquer 14 millions de francs pour ses vignerons. Mardi, le Grand Conseil leur a exprimé un soutien quasi unanime après une année difficile. Mais plusieurs partis souhaitent renforcer les conditions d'obtention de ces aides.

Les professionnels de la vigne ont été affectés comme jamais par la météo durant l'année 2021, a reconnu le Grand Conseil valaisan. Mais pas question d'accorder des aides financières sur base d'une simple déclaration sur l'honneur, comme le souhaitait le Conseil d'Etat. Plusieurs partis veulent s'assurer que ces millions ne tombent pas dans de mauvaises poches.

Ainsi, pour la commission des finances du Grand Conseil, 10% des bénéficiaires devront être contrôlés. Ils devront démontrer qu'ils ont subi des pertes d'au moins 30% de leur récolte. Le PLR et la gauche tenteront par ailleurs d'imposer l'obligation de démontrer les pertes subies, vendredi lors du vote final.

Équité et crédibilité

Il en va de l'équité avec les secteurs notoirement touchés par la pandémie qui ont dû, malgré tout, remplir des documents pour toucher des aides, estiment-ils. Il en va aussi de la crédibilité des autorités cantonales, qui ne peuvent pas se permettre d'indemniser d'éventuels tricheurs.

Après plusieurs affaires retentissantes, un logiciel de contrôle avait justement été mise en place il y a quatre ans. Depuis, cette application officielle e-vendange a permis d'ouvrir 36 procédures. Élus et vignerons appellent à l'utiliser pour vérifier les pertes de récolte.

Pour le conseiller d'Etat en charge de l'Économie Christophe Darbellay, e-vendange n'est pas l'instrument adéquat dans pareille situation. Il estime que cela va représenter un travail de contrôle "titanesque".

Des contrôles existent déjà

Un argument que réfute le député-suppléant PLR David Rossier, lui-même vigneron-encaveur. "On est déjà contrôlés pour les paiements directs", rappelle-t-il. "C'est peut-être deux services différents, mais je pense que c'est possible d'avoir les chiffres pour contrôler tout ça."

"Les viticulteurs veulent être contrôlés pour montrer qu'ils ont bien perdu 30% de leur production en 2021. C'est aussi beaucoup plus crédible pour le vigneron", poursuit-il.

Les services du Département de l'Economie risquent bien de devoir trouver une alternative pour satisfaire le Parlement.

>> Ecouter aussi l'interview de David Rossier dans La Matinale :

En Valais, deux députées suppléantes ont récemment quitté le Grand Conseil, notamment parce que leur parti, les Verts, ne les laissait pas s'opposer publiquement aux mesures sanitaires et au vaccin. [Keystone - Dominic Steinmann]Keystone - Dominic Steinmann
Le Valais ne veut pas aider ses vignerons aveuglement / Interview de David Rossier / La Matinale / 54 sec. / le 9 mars 2022

Romain Carrupt/jop

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Une année noire

En 2021, le vignoble valaisan a été durement frappé par le gel, la pluie, la grêle, les attaques de mildiou. Avec 22,7 millions de kilos de raisins encavés, la vendange a été la plus faible depuis 1966 et affiche un volume inférieur de plus de 40% par rapport à 2020.

"On peut estimer le rendement brut pour 2021 à 85 millions de francs, ce qui signifie un manque de plus de 100 millions de francs pour couvrir les frais de production dans le vignoble", précisait le canton en janvier dernier dans un communiqué.