Une cérémonie du souvenir aux personnes décédées pendant le confinement

"Nous avons eu le sentiment d’abandonner notre maman en EMS. Elle ne pouvait pas comprendre pourquoi nous n’étions pas à ses côtés lors des derniers moments". Monique et Marie-Rose, deux soeurs habitant La Chaux-de-Fonds, ont enfin pu rendre un hommage digne de ce nom à leur mère décédée seule dans un home pour personnes âgées pendant le semi-confinement.

A la douleur de perdre un proche s’est ajouté, durant cette période compliquée, le désarroi de ne pas pouvoir organiser de véritables cérémonie d'obsèques. Et pour certains d’être privés de toute possibilité de dire au revoir au défunt, ou de se retrouver entre proches pour se réconforter.

Fort de ce constat, les acteurs de la santé du canton de Neuchâtel ont organisé ce jeudi, sur la scène du théâtre de l’Heure bleue, une célébration laïque et apolitique pour enfin permettre aux gens ayant perdu un proche de commencer à pouvoir faire leur deuil. "Quand le rite n'a pas lieu, le deuil ne peut pas commencer", témoignait la thanatologue Alix Noble-Burnand dans le 19h30. "Ce que La Chaux-de-Fonds a fait donne de la reconnaissance à ce que les gens ont pu vivre". Selon elle, d'autres cantons devraient s'en inspirer.

>> Regarder l'interview complète d'Alix Noble-Burnand dans le 19h30 :

Ce jeudi, 253 petites bougies ont été allumées. Des petites flammes en souvenir des 253 personnes décédées dans le canton de Neuchâtel entre le 16 mars et le 17 avril. Des gens emportés par le Covid, mais pas seulement.

Une cinquantaine de personnes présentes

L'émotion était palpable dans la salle où n'étaient présentes qu'une cinquantaine de personnes. "Beaucoup ne sont pas venues par peur de la pandémie qui a l'air de reprendre", explique l'un des organisateurs, Nago Humbert, professeur agrégé en soins palliatifs pédiatriques à l’Université de Montréal.

Nicolas Willemin, journaliste à Arcinfo, était lui aussi présent pour rendre hommage au co-rédacteur en chef de son journal, Stéphane Devaux, décédé en pleine pandémie. "S'il nous avait quitté en temps normal, une grande partie de la rédaction aurait été présente à son enterrement, on aurait pu lui dire adieu. Et là, pas! Ce qui est terrible".

Cérémonie diffusée en direct

Des membres du personnel soignant ont eux aussi été invités à s’exprimer sur cette période difficile, qui a chamboulé la prise en charge des patients et de leur famille. Pour les absents, la cérémonie a été diffusée en direct, notamment dans les homes, très touchés par le coronavirus.

>> Le récit de la cérémonie dans La Matinale :

EPA/Keystone - Miguel Gutierrez

Sujet TV: Léa Jelmini

Sujet radio: Katia Bitsch

Adaptation web: Fabien Grenon