Publié

Mi-hommes, mi-sapins, les Sauvages lancent le carnaval du Noirmont

Les Sauvages ont déferlé sur le village du Noirmont
Les Sauvages ont déferlé sur le village du Noirmont / L'actu en vidéo / 2 min. / le 26 janvier 2024
Des hommes vêtus de branches de sapin avec le visage noirci ont déambulé dans les rues du Noirmont (JU) jeudi soir, poussant des cris de bêtes et poursuivant les jeunes filles du village. Comme le veut la coutume, la sortie des Sauvages a ainsi lancé les festivités du carnaval.

Chaque année, le soir de la dernière pleine lune précédent les jours gras, les Sauvages revêtent leur impressionnant attirail pour sortir le village de sa torpeur: des branches de sapin, des pives, du lierre... et même des escargots, un costume qui peut peser jusqu'à 40 kilos. Puis ils se griment le visage de noir et se munissent d'une bruyante cloche.

Ainsi affublés, ces êtres mi-hommes, mi-sapins attendent la tombée de la nuit et jaillissent dans les rues, poussant d'effrayants cris et traquant d'innocentes jeunes filles du village. Vêtues de noir et coiffées d'un chapeau, ces "baichattes" ont pour mission de reconnaître les hommes cachés derrière leurs déguisements. Elles provoquent les hommes des bois et brandissent une pancarte avec le mot "connu".

Loin de se laisser démonter, les démoniaques Sauvages les poursuivent dans le village et les jeunes filles qui sont capturées sont noircies, fouettées et plongées dans une fontaine, le tout accompagné par les sons festifs de la clique locale et sous les yeux d'un public amusé.

Une tradition réintroduite en 1991

La tradition des Sauvages, un bastion qui demeure exclusivement masculin, marque traditionnellement l'ouverture de la période du carnaval des Franches-Montagnes, le Carimentran. Cette tradition qui s'était perdue depuis la nuit des temps a été réintroduite en 1991 après les recherches menées par l'artiste bâlois Jurg Gabele.

Dans une dizaine de jours, ce sera le baitchai qui animera les rues du Noirmont, mais aussi des villages des alentours. Cette fois vêtus de blanc, hommes et femmes parcourent les rues au son entêtant de divers instruments plus ou moins artisanaux (baitchai signifiant en patois "bruit de cloche fêlée ou de vaisselle cassée"). Durant toute la nuit, ils passent de maison en maison pour chasser les mauvais esprits et récoltent par la même occasion des bouteilles de vin pour ne pas prendre froid au creux de l'hiver.

La suite des festivités est réservée au carnaval proprement dit, avec ses défilés de chars, ses cliques et ses bals costumés. Et c’est au petit matin du mercredi des Cendres que la manifestation se termine avec la mise à mort du bonhomme hiver, qui signe la fin du Carimentran.

>> Revoir le sujet du 12h45 consacré au baitchai :

A Saignelégier, le cortège très bruyant du Baitchai intégrait pour la première fois des femmes.
A Saignelégier, le cortège très bruyant du Baitchai intégrait pour la première fois des femmes. / 12h45 / 2 min. / le 25 février 2020

boi

Publié