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Les associations caritatives peinent à récolter objets, vêtements ou aliments

Le magasin d'Emmaüs Jura à Boncourt fait face à une réduction des donations [RTS - Gaël Klein]
Les dons souffrent de la seconde main / La Matinale / 1 min. / le 18 avril 2023
Plusieurs associations d’entraide en Suisse rencontrent des difficultés croissantes à récolter des aliments, des objets ou des vêtements. Elles constatent que la guerre au gaspillage alimentaire, la force des plateformes de seconde main ou encore l’inflation ont des effets secondaires négatifs sur l’économie solidaire.

Le co-responsable de la section jurassienne d’Emmaüs Vincent Chapuis remarque que les gens n’amènent plus spontanément les habits qu’ils ne portent plus ou la vaisselle qu’ils ont remplacée. Certains essaient d’abord de les vendre sur internet. L’association caritative est confrontée à un phénomène qui a pris de l’ampleur depuis la crise du Covid.

"Nous constatons une baisse des dons arrivant chez nous. Nous observons les plateformes: on peut même se rendre compte que certains articles en vente proviennent de chez nous. Certains clients achètent des articles chez nous et les revendent", explique Vincent Chapuis. Autre cas de figure: des personnes appellent Emmaüs pour lui demander de prendre en charge des objets après avoir tenté sans succès de les vendre en ligne, indique le responsable. Le responsable estime cette diminution des dons à 30% depuis quelques années.

Cette situation porte préjudice à l’association: "D'une part, la demande de produits de seconde main est de plus en plus grande. Nous avons aussi besoin de plus en plus de moyens financiers pour soutenir les personnes en difficulté que nous accompagnons. Et le cœur de notre modèle d'affaires, c'est de pouvoir compter sur des objets qui nous sont donnés", déclare Vincent Chapuis.

Les dons alimentaires suivent la même tendance

Marc Nobs, le directeur de la fondation Partage à Genève, qui distribue de la nourriture aux plus démunis, pointe lui aussi une réduction des donations.

"On s'aperçoit qu'un effort est fait par les détaillants pour réduire le gaspillage alimentaire. Ils ont maintenant des outils qui permettent de gérer les stocks de manière beaucoup plus précise", analyse-t-il. "Automatiquement, il y a beaucoup moins d'invendus à disposition de la fondation Partage pour être redistribués aux personnes en situation de précarité."

>> Écouter l'interview de Marc Nobs dans La Matinale :

Des caisses de nourriture de la fondation Partage à Genève, à côté de celles des Colis du coeur. [KEYSTONE - Martial Trezzini]KEYSTONE - Martial Trezzini
Baisse des dons de nourriture de la part des détaillants: interview du directeur de la fondation Partage Marc Nobs / La Matinale / 1 min. / le 18 avril 2023

L'organisation d'aide se trouve dès lors "dans une situation complexe" en raison de ces efforts des détaillants, souligne-t-il. D'un côté, elle dispose de moins de produits à donner, mais de l'autre, le gaspillage alimentaire global s'en trouve réduit… ce qui est aussi une mission de la fondation.

La baisse des dons pose un véritable défi aux associations caritatives. Dans le Jura, Emmaüs va devoir valoriser davantage les marchandises afin de continuer à venir en aide aux personnes en situation de précarité.

Sujet radio: Gaël Klein

Propos de Marc Nobs recueillis par Tania Sazpinar

Adaptation web: Antoine Michel

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