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"Mon beau-père m'a chassé, car il ne voulait pas d'un homo à la maison"

Casse-toi !
Casse-toi ! / Mise au point / 13 min. / le 3 mai 2015
A l'occasion de l'ouverture à Genève du Refuge, première structure d'accueil pour homosexuels de Suisse, Mise au Point a recueilli le témoignage d'un jeune gay français qui se reconstruit après avoir "voulu en finir".

Annoncée en janvier 2014, l'ouverture du premier centre d'accueil pour jeunes homosexuels exclus par leur famille devient réalité à Genève. A quelques jours de son inauguration sous l'égide de l'association Dialogai, le Refuge a ouvert ses portes à l'émission de la RTS qui revient dimanche sur la genèse de ce concept existant depuis une dizaine d'années déjà en France (voir encadré).

Rupture

Car en Suisse aussi, des jeunes hommes ou femmes sont aujourd'hui exclus de leur domicile après avoir fait part de leur orientation sexuelle à leurs parents. La preuve avec Eric, en rupture familiale. "Je savais qu'ils cesseraient de m'aimer le jour où ils apprendraient que j'étais homo", confie le Lausannois de 20 ans à Mise au Point.

Je savais qu'ils cesseraient de m'aimer

Eric, 20 ans

"On ne pouvait pas répondre à ces situations d'urgence jusqu'à présent, parce qu'on avait rien. Maintenant, on va pouvoir répondre à ce besoin", explique Christophe Catin, président de Dialogai Genève.

Double aveu

Une situation de crise aigüe qu'a connue Julien, un jeune Français au parcours de vie cabossé dès le moment où il a dit à sa mère qu'il fumait... et qu'il était gay. Ce double aveu est le point de départ d'années de galère, loin des siens, puisque viré de chez lui par un beau-père homophobe. "Il m'a dit 'je ne veux plus d'un pédé qui mange à ma table'. Cette phrase me marquera toute ma vie", témoigne Julien, 20 ans, arrivé dans un Refuge du sud de la France il y a un an et demi.

"Une autre vie"

Julien retrace le chemin parcouru depuis son "coming out" lorsqu'il avait 15 ans: ses six tentatives de suicide, son placement en foyer après avoir été retiré à sa mère, ses colères, les agressions. Les rejets qu'il a subis, encore, après six mois dans une école de réinsertion de l'armée française quittée "sur demande, parce que j'étais gay". Le retour à la prostitution "pour vivre, me payer peut-être une nuit à l'hôtel". Le Refuge enfin.

"Le Refuge m'a fait grandir. J'ai compris qu'il fallait que je mûrisse, que je sois indépendant. Pour avoir une autre vie. Aller découvrir la vie extérieure."

>> Le témoignage de Julien :

Le témoignage de Julien
Le témoignage de Julien. / Info en vidéos / 7 min. / le 30 avril 2015

Catherine Sommer/gax

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Treize centres en France

En France, les structures d'accueil pour les homosexuels en rupture sociale ou familiale existent depuis plusieurs années, toutes sous l'égide du Refuge qui coordonne 13 centres sur l'ensemble du territoire.

L'association le Refuge, qui existe depuis 2003, est financée à 40% par de l'argent public. Son siège est à Montpellier.

L'an dernier, 237 jeunes ont été hébergés, alors que quelque 1800 demandes d'accueil sont parvenues à l'association.