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Des mystérieux détenteurs espagnols de comptes genevois identifiés

Un extrait de l'échange d'e-mails qui a mis la puce à l'oreille à la justice espagnole
Un extrait de l'échange d'e-mails qui a mis la puce à l'oreille à la justice espagnole
Dans le cadre d'une affaire de corruption, six comptes ouverts à la Dresdner Bank de Genève alimentaient les rumeurs en Espagne. La RTS a appris qu'ils appartenaient à une famille d'entrepreneurs sous enquête.

Dans le cadre de son enquête sur l'affaire Barcenas, du nom de l'ex-trésorier du Parti populaire espagnol qui a amassé des millions de francs en Suisse, le juge ibérique Pablo Ruz a demandé à la Suisse le nom des détenteurs de six comptes cités dans un échange de mail interne à la banque Dresdner, devenue LGT Bank. (voir encadré)

La RTS a appris que contrairement aux suppositions de la presse espagnole, les comptes n'appartiennent pas à un politicien, mais à une famille d'entrepreneurs ibériques sous enquête pour escroquerie, les Ruiz-Mateos. Une information confirmée par le procureur genevois Jean-Bernard Schmid, en charge du volet suisse de l'affaire Barcenas.

"Ces informations bancaires ont déjà été envoyées à la justice espagnole dans le cadre d'une autre affaire. Elle détient donc déjà ces informations", a précisé le procureur.

Contactée, LGT Bank n'a pas voulu commenter l'information.

Marc Renfer

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L'échange d'e-mails à l'origine des doutes

Inclus dans la documentation envoyée par la Suisse à la justice espagnole dans le cadre de l'affaire Barcenas, un mail interne à la Dresdner Bank a soulevé des doutes dans la presse espagnole, qui pensait savoir qu'un politicien se cachait derrière ces six numéros de comptes.

Dans cet échange, une responsable de la compliance exige à la banquière de Luis Barcenas des précisions sur deux de ses clients classés "à risque", l'un étant Luis Fraga, proche de l'ex-trésorier du PP et neveu du fondateur du parti conservateur espagnol, l'autre le mystérieux détenteur de 6 comptes.

"La provenance des fonds du clients n'est pas documentée", se plaint la responsable, qui demande plus d'informations.

Le document interne:

Les Ruiz-Mateos et les affaires

José María Ruiz-Mateos, patriarche de la famille, s'est trouvé à la tête de la holding Rumasa, expropriée par l'Etat espagnol en 1983 pour fraude fiscale puis recréée sous le nom de Nueva Rumasa.

L'homme d'affaires a été élu en 1989 au Parlement européen, représentant un parti politique portant son propre nom. Il a détenu le club de football madrilène du Rayo Vallecano entre 1991 et 2011.

La justice espagnole accuse la famille Ruiz-Mateos d'avoir maintenu son niveau de vie en escroquant des investisseurs.

Plusieurs enfants de Jose Maria Ruiz-Mateos sont également la cible d'enquêtes pour diverses fraudes.