Modifié

Le collectif étudiant pro-Palestine reste une nuit de plus à l'UNIGE, celui de l'UNIL quitte les lieux

Les mouvements de contestation ne faiblissent pas dans les universités romandes
Les mouvements de contestation ne faiblissent pas dans les universités romandes / 19h30 / 2 min. / le 8 mai 2024
A Genève, des représentants des étudiantes et étudiants pro-Palestine ont rencontré des membres du rectorat de l'Université de Genève (UNIGE) mercredi. Les manifestants ont obtenu le droit de dormir une nuit de plus sur place, contrairement à ceux de l'Université de Lausanne, qui ont quitté les lieux pour la nuit.

L'entretien avec le rectorat a été qualifié de constructif par une étudiante du mouvement. Il a été proposé à trois membres de la Coordination étudiante pour la Palestine-UNIGE (CEP-UNIGE) de participer, jeudi, à un conseil scientifique qui doit discuter du rôle de l'université dans les débats publics en général.

Les revendications des étudiants pro-palestiniens seront abordées lors de cette réunion, ont indiqué des membres de la CEP-UNIGE devant les médias. Les occupants d'UniMail réclament notamment la suspension des accords de collaboration passés entre l'UNIGE et les universités et instituts de recherche israéliens.

L'UNIGE a des accords avec deux universités israéliennes, la Hebrew University of Jerusalem et la Tel-Aviv University, a indiqué plus tôt dans la journée le porte-parole de l'institution Marco Cattaneo. Il a ajouté qu'en raison du conflit armé en cours, le niveau d'activité de ces collaborations "a baissé de façon drastique".

>> Ecouter les explications en direct de l'UNIGE :

La mobilisation pro-palestinienne se poursuit mercredi à l'UNIGE. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]Keystone - Salvatore Di Nolfi
L'occupation du hall d'Uni Mail par des étudiants pro-palestiniens se poursuit à l'Université de Genève / Le 12h30 / 2 min. / le 8 mai 2024

En cas de participation à ce conseil scientifique, la CEP-UNIGE s'engagerait à ne plus occuper la nuit le hall d'UniMail. Elle continuerait à le faire seulement pendant les heures d'ouverture du bâtiment. Les étudiants pro-palestiniens seraient ainsi tenus à quitter le bâtiment jeudi, à 18h00.

Le professeur Frédéric Esposito, du Global Studies Institue, propulsé comme médiateur entre le rectorat et les étudiants protestataires dans cette affaire, a relevé que la rencontre de mercredi entre les deux parties a permis à chacun d'exposer ses positions.

Banderole en question

Selon Frédéric Esposito, un point de la discussion a porté sur une banderole noire accrochée à UniMail par les étudiants pro-Palestine sur laquelle figure la phrase "from the river to the sea, Palestine will be free". Aux yeux de certains, ce message peut être interprété comme un refus à l'Etat d'Israël d'exister.

La phrase fait polémique, car elle est utilisée par des groupes antisémites, a noté Frédéric Esposito. Le rectorat aurait voulu que la banderole soit retirée. Mais la CEP-UNIGE a promis une clarification sur le thème, a ajouté le professeur. Une contextualisation et des explications seront fournies à travers un QR code et un flyer.

Le rectorat s'est satisfait pour l'instant de cette explication. La banderole restera donc en place jusqu'à nouvel avis.

Fin de l'occupation de nuit à l'UNIL

L'Université de Lausanne (UNIL) a demandé au collectif pro-Palestine qui occupe Géopolis depuis jeudi dernier de quitter les lieux mercredi soir. Il a été admis que les locaux pourront continuer à être utilisés aux heures ouvrables, le temps des négociations.

La direction de l'UNIL a fixé comme condition pour la poursuite des négociations le retrait du bâtiment par le collectif dans la soirée, ce qui a été fait, annonce mercredi soir l'institution dans un communiqué. Les discussions pourront se poursuivre à condition que le collectif reste composé de membres de l’UNIL ou affiliés à l’UNIL.

La Haute Ecole exige aussi le respect du bon déroulement des activités de recherche et d’enseignement sur le campus, ainsi que de l’intégrité des personnes et des infrastructures. Depuis jeudi dernier, un collectif pro-palestinien occupait jour et nuit Géopolis.

Dialogue "constructif" à l'EPFL

Du côté de l'EPFL, la direction maintient une position ferme sur son refus d'un boycott académique des institutions israéliennes. A l'issue d'une rencontre mercredi, la délégation d'étudiants pro-palestiniens estime avoir obtenu "quelques concessions" et promet que "le mouvement continue".

Les parties ont salué un dialogue courtois, "constructif" même selon Martin Vetterli. Le président de l'EPFL a rappelé que la Haute Ecole était "un endroit neutre dans un pays neutre" et que sa mission était l'éducation, de sorte qu'il ne pouvait tolérer une occupation de locaux pouvant entraver la tenue de cours ou d'examens.

Il a rappelé qu'il y avait des "lignes rouges" à ne pas franchir, comme la violence ou une "instrumentalisation" politique des étudiants par des personnes extérieures à la communauté EPFL. L'institution a toutefois promis de mener une analyse approfondie de ses accords de recherche avec des institutions israéliennes.

Martin Vetterli rappelle que son école dispose d'un comité d'éthique qui s'assure qu'il n'y a pas de collaborations sur des sujets liés à l'armement. Mais il reconnaît qu'il ne peut pas y avoir de contrôle sur certains transferts de technologie.

>> Lire aussi : EPF suisses: des collaborations à visées potentiellement sécuritaires avec des entités israéliennes

La délégation étudiante, composée de trois membres de la Coordination étudiante pour la Palestine - EPFL, a salué le fait que la Haute Ecole est d'accord de faire la transparence sur ses accords avec Israël et qu'elle se soit "repositionnée sur certains termes", comme la reconnaissance - "enfin" - de l'occupation des territoires palestiniens. Des discussions constructives sont en cours avec l'association féministe Polyquity, menacée de suspension.

ats/asch

Publié Modifié

Inquiétudes de la Fédération suisse des communautés israélites

La poursuite des manifestations pro-Palestine inquiète la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI). "Les universités sont des institutions démocratiques dans lesquelles des débats ouverts devraient être cultivés", a déclaré mercredi la FSCI, contactée par l'agence Keystone-ATS.

"Les voix fortes des protestataires portent toutefois des traits idéologiques radicalisés", écrit le secrétaire général de la FSCI Jonathan Kreutner. Elles donnent l'impression que tous les étudiants partagent leurs positions, ce qui n'est "certainement pas la vérité".

Des ultimatums et des exigences extrêmement unilatérales sont posés et les personnes pensant différemment sont intimidées, poursuit Jonathan Kreutner. Pour les étudiants juifs, l'université n'offre plus de cadre protégé, estime-t-il.

Contextes variés

Invitée dans Forum, Nadège Widmer, co-présidente de l'Union des étudiants de Suisse (UNES), explique qu'il est difficile dire qu'il y a un clivage entre les étudiants qui soutiennent les mouvements pro-Palestine et les autres. "On a un contexte qui diverge beaucoup d'une université à une autre, et en ce moment, c'est très difficile de donner une réponse globale à cette question-là."

Nadège Widmer ne fait pas de distinction entre antisémitisme et islamophobie. "La position de l'UNES est que l'on condamne toute discrimination, qu'elle soit antisémite ou islamophobe, tout comme l'on condamne les appels à la violence contre les étudiants peu importe leur croyance."

>> L'interview de Nadège Widmer dans Forum :

Que pensent les étudiants des manifestations pro-palestiniennes dans les universités? Interview de Nadège Widmer
Que pensent les étudiants des manifestations pro-palestiniennes dans les universités? Interview de Nadège Widmer / Forum / 5 min. / le 8 mai 2024

"La liberté d'expression n'est pas un incendie qu'il faut éteindre", estime le médiateur de l'UNIGE

Frédéric Esposito, directeur du Bachelor en relations internationales, a été chargé de la médiation entre les militants et le rectorat à l'UNIGE. Il était interviewé dans La Matinale ce mercredi.

Il salue la publication d'une charte qui rappelle que la revendication actuelle "s'inscrit dans le respect de la démocratie" et "la liberté de parole sans stigmatisation d'aucune communauté".

Ce dernier espère aussi "initier un dialogue" entre les dirigeants de l'institution et le mouvement estudiantin.

>> Ecouter son interview :

L’occupation pro-palestinienne continue dans le calme dans les universités romandes: interview de Frédéric Esposito (vidéo)
L’occupation pro-palestinienne continue dans le calme dans les universités romandes: interview de Frédéric Esposito (vidéo) / La Matinale / 7 min. / le 8 mai 2024