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Ces hymnes cantonaux qui ont fait l'objet de récupérations politiques

Rédigé en 1603, le chant patois "Cé qu’è lainô" raconte les événements de la Fête de l'Escalade et pourrait peut-être voté dans la Constitution genevoise. [Keystone - Magali Girardin]
Vibrations - Les hymnes cantonaux, objets de récupération politique / Vibrations / 5 min. / le 22 février 2024
Le "Cé qu'è lainô", célèbre hymne cher aux Genevoises et aux Genevois, fait l'objet de vifs débats dans le canton, entre ceux qui le jugent sanguinaire et ceux qui veulent le défendre à tout prix. Il n'est d'ailleurs pas nouveau que des chants populaires fassent l'objet de récupérations politiques.

L'UDC veut inscrire le "Cé qu'è lainô" dans la Constitution cantonale en tant qu'hymne officiel pour protéger le texte après une question urgente du député socialiste Sylvain Thévoz demandant d'en modifier les paroles. L'élu de gauche juge en effet le texte "sanguinaire" et "incompatible avec la laïcité de l'État".

Le peuple genevois décidera ainsi le 3 mars s'il souhaite inscrire la fameuse rengaine comme hymne dans la Constitution. Ce chant en arpitan genevois de 68 strophes narre l'histoire de l'Escalade de 1602 et rend grâce à Dieu d'avoir sauvé la cité. Il est également vu comme une satire parfois burlesque des événements.

Le canton du Jura également concerné

Le canton de Genève n'est pas le seul à songer à changer les paroles de son hymne ou à avoir franchi le pas. Le canton du Jura l'a fait avec "La Rauracienne", chantée pour la première fois en 1830, lors d'une rencontre de l'opposition libérale à Porrentruy. Les paroles du couplet ont été modifiées en 1950, mais le refrain lui est resté le même.

Demain, nos cris, nos chansons et nos danses célébreront la fin de nos combats. Nous chanterons un hymne souverain. Unissez-vous, fils de la Rauracie et donnez-vous la main

Extrait des paroles de "La Nouvelle Rauracienne"

Presque 30 ans plus tard, en 1979, le Jura est devenu le 23ᵉ canton suisse, se libérant du canton de Berne. "La Nouvelle Rauracienne" est proclamée "hymne officiel de la République et Canton du Jura" en 1990.

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Pas d'hymne dans le canton de Berne

L'hymne neuchâtelois a également fait l'objet de récupérations politiques depuis sa composition, il y a 126 ans, notamment de la part de l'UDC qui souhaitait rendre son apprentissage obligatoire à l'école. Il sera au final juste encouragé comme élément du patrimoine régional.

Le canton de Vaud, lui, chante l'acte de médiation de 1803, soit l'entrée du canton au sein de la Confédération avec Napoléon calmant un Pays de Vaud en pleine révolution au sommet. Fribourg n'a pas d'hymne officiel, mais le Ranz des vaches s'est pourtant imposé dans le canton au cours des dernières décennies, notamment grâce à la Fête des vignerons. Le Ranz des vaches servait à l'origine à rassembler les troupeaux.

L'hymne valaisan, de son côté, n'a été officialisé qu'en 2017 par le Conseil d'Etat. Les Bernois, eux, n'en ont pas. En effet, la marche bernoise n'est pas reconnue comme un hymne cantonal. C'est une marche militaire jouée lors de la résistance des Bernois à l'invasion française en 1798, avant de devenir un symbole de la résistance à la République helvétique napoléonienne.

Mais, au-delà de l'Histoire et de la politique, ces hymnes cantonaux sont avant tout des oeuvres musicales. A réentendre dans la chronique ci-dessus.

Yves Zahno/hkr

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