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Le manque de sommeil, un impact économique négligé

Parlons Cash - Le coût du manque de sommeil
Parlons Cash - Le coût du manque de sommeil / La Matinale / 3 min. / le 18 octobre 2023
Nos nuits sont trop courtes, ce qui a un coût pour l'économie, même si celui-ci est difficile à estimer. Il est difficile également d'inciter à dormir plus, entre autres parce que le mythe du bourreau de travail qui semble fuir son lit est encore très ancré dans notre société.

De manière générale, les Suisses dorment peu. Une majorité de la population se contente de sept heures de sommeil, soit le minimum recommandé par le corps médical.

Mais souvent, il s'agit davantage de temps passé au lit que de véritable sommeil, celui-ci étant perturbé par des phases d'insomnie, de stress ou de douleurs.

Les Helvètes ne sont évidemment pas les seuls à se disputer avec Morphée. Du Japon à la France en passant par les Etats-Unis, le temps passé sous la couette ne dépasse pas les six à sept heures. De quoi conclure, selon les spécialistes, que le manque de sommeil est véritablement une épidémie mondiale.

Un enjeu pour l'économie

L'économie subit les effets de cette épidémie, avec notamment des problèmes de santé, de l'absentéisme, une baisse de productivité et de concentration, de l'irritabilité ou encore des retards scolaires.

Une étude australienne publiée en 2021 chiffre ces conséquences à près de 1% du produit intérieur brut de l'Australie. Les autorités sanitaires américaines (CDC) estiment de leur côté que le manque de sommeil joue un rôle dans la moitié des 15 premières causes de mortalité, dont les arrêts cardiaques, les AVC et l'hypertension.

Si les dégâts sont connus, les traduire précisément en francs, en dollars ou en euros est néanmoins plus difficile. Les professionnels estiment toutefois qu'il s'agit de montants astronomiques. Ainsi, les Américains perdraient chaque année presque 10 millions d'heures de travail à cause de nuits insuffisantes et l'Allemagne 1,6 million.

La prévention compliquée

Pourquoi les autorités interviennent-elles relativement peu pour améliorer le temps de sommeil, en comparaison avec les importantes campagnes de prévention contre le tabagisme ou la mauvaise alimentation?

D'abord parce qu'il est difficile d'inciter les gens à aller se coucher tôt. De plus, le problème a de nombreuses causes, au rang desquels les gadgets électroniques, la malbouffe, le manque d'activité physique et bien sûr le stress.

A côté de tous ces facteurs, il y a également un élément culturel: un bon dormeur est perçu comme une créature oisive. Dormir peu, c'est être actif, être productif, être indispensable… C'est un mythe que l'on aime cultiver, avec le modèle des chefs d'entreprise qui se targuent de se coucher à deux heures du matin pour se lever aux aurores.

D'un point de vue purement médical, leurs capacités cognitives ressemblent à celles d'un homme aviné, mais d'un point de vue sociétal, ils sont toujours des héros des temps modernes.

Katja Schaer/ami

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