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Le roi du commerce d’antiquités condamné à Genève

Le roi du commerce d’antiquités condamné à Genève. [RTS]
Le roi du commerce d’antiquités condamné à Genève / Le Journal horaire / 28 sec. / le 10 janvier 2023
Le tribunal de police de Genève a condamné mardi à 18 mois de prison avec sursis Ali A. Le commerçant genevois, à la tête de la galerie Phoenix Ancient Art, est l'un des plus importants marchands au monde d’objets antiques. Il a été reconnu coupable de faux dans les titres et de délit à la loi sur le transfert de biens culturels.

L’audience au tribunal de police a pris moins d'une heure mardi après-midi à Genève. Pourtant, ce jugement repose sur une enquête d’une complexité et d’une durée hors norme. Il a fallu 6 ans de travail aux inspecteurs de l'antifraude douanière puis au Ministère public genevois pour boucler l’enquête. Ali A., propriétaire de la galerie genevoise Phoenix Ancient Art, a été condamné à une peine de 18 mois de prison avec sursis. Les frais de procédure sont de 450'000 francs à la charge du prévenu.

Le procureur Lobsang Duchunstang n’a pas souhaité faire de commentaire au journaliste de l'émission Mise au Point de la RTS présent lors du procès.

Faux certificats

Il est reproché au marchand d’art d’avoir demandé à plusieurs complices la réalisation de faux certificats de provenance pour blanchir le passé douteux d’objets antiques. Le commerçant a également été reconnu coupable d’avoir rémunéré un chasseur de trésors, Adnan M. Ce dernier a acquis des objets issus de fouilles illicites dans divers pays du Moyen-Orient.

L’acte d’accusation précise que "Ali A. savait ou devait présumer qu’ils avaient été acquis illicitement". Le document de justice précise que 42 pièces seront "confisquées vu leur provenance illicite et dévolues à l’Office fédéral de la culture" et plusieurs dizaines d’autres seront restituées aux pays d’origine, notamment à la Grèce.

Milliers de pièces saisies

L’origine de l’affaire remonte à décembre 2016. Les douanes saisissent plusieurs milliers de pièces dans un garde-meuble à Genève. Leur valeur est estimée à près d’un demi-milliard de francs, selon plusieurs experts en archéologie. Ces objets antiques appartiennent en grande partie aux entreprises d’Ali A.

Il faut plusieurs années aux douaniers et à des archéologues pour analyser une à une les plus de 15'000 pièces saisies. Parmi ces objets, de nombreuses pièces n’ont pas été déclarées et les inspecteurs repèrent des anomalies dans des certificats de provenance.

Une amende en 2021 déjà

C’est le volet douanier qui est réglé en premier. En 2021, Ali A. est condamné à une amende de 1,6 million de francs – ou près de 2 millions de francs suisses, en comptant les frais de procédure. Le fisc lui réclame aussi plus de 4 millions de francs sur des objets d’art importés pour lesquels il n’a pas payé de TVA.

Mardi, c’est le volet de la justice pénale qui a été jugé par une procédure simplifiée. Le document de justice explique la peine avec sursis. "Ali A. a, par des actes, notamment en réparant le dommage causé autant qu’on pouvait attendre de lui, manifesté un repenti sincère". En acceptant la procédure simplifiée, les partis renoncent au moyen de recours.

La peine de 18 mois de prison avec sursis est une condamnation retentissante dans le petit monde des antiquités. Le marchand genevois est considéré comme le roi du commerce d’objets anciens au niveau international.

Il a parmi ses clients de riches collectionneurs et des musées aussi prestigieux que le musée Métropolitain de New York et le musée du Louvre.

François Ruchti

L’enquête complète sera bientôt diffusée dans l'émission Mise au Point.

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