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Les conseillers d’Etat genevois seront augmentés de 17%

Une vue aérienne de la ville de Genève. [Keystone - Leandre Duggan]
La nouvelle loi sur les rentes à vie des conseillers d’Etat genevois a été présentée / Le 12h30 / 2 min. / le 5 mai 2022
Le projet de mise en œuvre de l’initiative pour l’abolition des rentes à vie des conseillers d’État genevois contient une surprise. Il prévoit une hausse conséquente de salaire pour ces magistrats.

Finies les rentes à vie à Genève pour les futurs conseillers d'Etat. Mais en contrepartie, leur salaire pourrait augmenter drastiquement. C'est ce qui ressort du projet de loi d'application de l'initiative sur le sujet, présenté mercredi par le gouvernement cantonal.

L’initiative des Vert’libéraux demandant l’abolition des rentes à vie des conseillers d’Etat avait été acceptée, en novembre dernier, par près de 78% du corps électoral genevois. Sa mise en œuvre, proposée par le Conseil d’Etat, va cependant plus loin que ce que demandait le texte initial, notamment en ce qui concerne le salaire des conseillers d'Etat genevois.

Hausse d’un quart

La rémunération annuelle brute des membres de l’exécutif cantonal passera de 265'000 francs actuellement à 330'000 francs, a appris la RTS. Soit une augmentation de près de 25%. Genève atteindra alors un niveau comparable à d'autres cantons comme Zurich ou Bâle-Ville.

En parallèle, les indemnités touchées par les conseillers d’Etat genevois seront diminuées, passant de 34'500 francs par an à 20'500 francs. Ce qui fait une hausse totale de la rémunération des futurs élus de 17%. En 2014, le Valais avait lui aussi accompagné sa réforme des rentes des magistrats par une hausse de salaire.

Préserver l'attractivité de la fonction

"L’augmentation de traitement prévue pour les nouveaux et nouvelles élues est destinée à préserver l'attractivité de la fonction", explique le Département genevois des finances. "Tenant compte de la charge, des responsabilités et de l’exposition qui en découle."

Il correspond davantage, selon le département de Nathalie Fontanet, "aux pratiques observées dans des cantons comparables et permet par ailleurs de réduire l’écart entre le traitement des membres du Conseil d’Etat et celui des dirigeant et dirigeantes de certaines régies publiques (ndlr: aéroport, HUG, SIG, etc) dont ils et elles représentent l’autorité de tutelle, dès lors que la rente à vie disparaît".

Primauté des cotisations

Pour le reste, le projet présenté mercredi se rapproche de l'initiative acceptée par le peuple. Il prévoit que les membres de l'exécutif cantonal touchent l'équivalent de 70% de leur dernier traitement. Et ce, durant deux ans maximum.

Petite nouveauté cependant au niveau du système de retraite. Un point qui faisait défaut dans l'initiative. Le Conseil d'Etat genevois a décidé d'affilier les futurs membres du gouvernement à une autre caisse de pension que celle des fonctionnaires et ce, sous le régime de la primauté des cotisations, chère à la droite.

Initiants satisfaits mais attentifs

Dans un communiqué envoyé ce jeudi, les Vert’libéraux saluent de manière générale "ces orientations tout en surveillant la suite de la mise en œuvre".

Contacté par la RTS, Marc Wuarin, membre du comité directeur du parti, s’interroge sur la proportion de la hausse de salaire des conseillers d’Etat et sur la manière dont elle a été décidée. Pour lui, la question des rémunérations politiques devrait faire l'objet d'un débat public.

Critiques

Sur Facebook, l’ancien président de la commission des finances du Grand Conseil, le socialiste Roger Deneys, ne décolère pas face à cette revalorisation salariale au plus haut niveau de l’Etat. Qui plus est lorsqu’elle émane d’un gouvernement à majorité de gauche.

"De façon totalement scandaleuse et franchement ridicule, les conseillers d'Etat en profitent pour augmenter leurs salaires déjà franchement très corrects", écrit-il. "J'espère que le Grand Conseil s'opposera fermement à ces augmentations injustifiées de salaire des conseillers d'Etat." La balle est désormais dans le camp des députés genevois qui doivent examiner le texte.

Raphaël Leroy

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