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Le fonctionnement du Secrétariat général de Jean-François Steiert sous enquête

La manière de diriger du conseiller d’Etat socialiste fribourgeois Jean-Francois Steiert poserait problème, selon de nombreuses sources concordantes. [Keystone - Anthony Anex]
Le fonctionnement du Secrétariat général du conseiller d'Etat Jean-François Steiert sous enquête / Forum / 10 min. / le 29 janvier 2019
Un audit sur le fonctionnement du Secrétariat général de Jean-François Steiert (PS/FR) a été lancé en début d'année à la demande du conseiller d’Etat lui-même. Deux plaintes pour mobbing et burnout seraient à l’origine de la démarche, a appris la RTS.

Les deux plaintes visent le fonctionnement du Secrétariat général de la Direction de l’aménagement, de l’environnement et des constructions (DAEC).

Elles ont été déposées l’an dernier auprès de l’"Espace santé-social", le canal confidentiel dédié aux employés de l'Etat de Fribourg en cas de soucis au travail.

Dans le détail, deux collaboratrices du Secrétariat général de la DAEC ont été victimes d’un burnout et l'une d'elles s’en est plainte auprès de la cellule ad hoc. L’"Espace santé-social" a en outre reçu en 2018 une plainte d’une autre personne, pour mobbing cette fois, selon les informations de la RTS.

Nombreux changements

Il y a eu de nombreux changements au sein du Secrétariat général de Jean-François Steiert. Sur un total de 14 collaboratrices et collaborateurs, 6 sont arrivés sous l’ère du conseiller d’Etat socialiste, dont l’entrée en fonction remonte à la mi-décembre 2016.

Et, a appris la RTS, un autre départ au sein du Secrétariat général est prévu au printemps.

A noter qu’en dehors du Secrétariat général sur lequel porte l’audit, deux autres personnes employées dans des services dirigés par Jean-François Steiert sont également partis en burnout l’an dernier.

"Stakhanoviste" et "incapable de déléguer"

En substance, il est reproché à Jean-François Steiert sa manière de diriger. Le conseiller d’Etat socialiste serait autoritaire et "stakhanoviste". Selon de nombreuses sources concordantes, il serait "incapable de déléguer", voudrait "tout contrôler" et imposerait régulièrement à son personnel des journées à rallonge.

Par ailleurs, toujours selon des témoignages, les différents services du Département de Jean-François Steiert se sentiraient en permanence "sous pression" et en "sous-effectif".

Multiplication de nouveaux postes

Et ce, tandis que le socialiste multiplierait les mandats externes et les créations de "nouveaux postes" de collaboratrices ou collaborateurs dédié-e-s.

L’engagement, l’année dernière, d’une "cheffe de projet" dont le mandat a été récemment transformé, et dont le salaire est "avec indemnités de marché", suscite notamment de nombreuses interrogations à l’Etat comme dans le landernau politique fribourgeois.

La création d’un poste supplémentaire à temps partiel au développement durable est en outre prévue ce printemps.

Malaise depuis plusieurs mois

Il est difficile de prévoir quelles conséquences politiques cet audit pourrait avoir sur Jean-François Steiert. Toutefois, son style de management crée le malaise depuis plusieurs mois dans une frange du personnel de son Département.

Ainsi, par ricochet, la gestion des ressources humaines du conseiller d’Etat socialiste interpelle jusqu’à la commission des finances et de gestion du Parlement fribourgeois.

Le fait que ce soit Jean-François Steiert qui ait commandé l’audit pourrait peut-être couper l’herbe sous les pieds de ses détracteurs. Certains de ses adversaires ont en tout cas déclaré à la RTS être "admiratifs" de la stratégie qu’il a choisie, à savoir demander lui-même une enquête plutôt que risquer de se la faire imposer par le Service du Personnel de l’Etat ou par ses collègues du gouvernement.

A relever que l’audit a été confié à une société spécialisée basée dans le canton de Berne, qui a déjà travaillé avec l’Etat de Fribourg.

Fabrice Gaudiano / ptur

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La réaction de Jean-François Steiert

"J'avais tout de suite averti que d'être stakhanoviste était dans ma nature. Je n'ai pas été élu pour glander, mais pour travailler. On reproche à d'autres conseillers d'Etat de voyager, moi j'aime mieux qu'on me reproche de travailler", réagit Jean-François Steiert dans Forum mardi soir.

"Les cas de mobbing ou de burnout, d'après ce que je peux savoir parce qu'il y a une grande confidentialité, sont des choses regrettables, mais dans la moyenne de ce qui se passe ailleurs, relève le conseiller d'Etat. Mais ce n'est pas une raison pour ne rien faire. On aide dans la mesure du possible les cas individuels qui relèvent parfois de problèmes privés, et on se demande bien sûr s'il y a aussi des raisons professionnelles ou structurelles."

A la question de savoir s'il pense revoir sa manière de diriger, Jean-François Steiert relève que "certains me trouvent autoritaire, d'autres pas assez. Mais l'autorité n'est pas forcément mauvaise et je tente de la baser sur des faits, en connaissant au mieux mes dossiers."