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Les cantons de Berne et du Jura ont signé le Concordat sur le transfert de Moutier

Le concordat pour le transfert de Moutier dans le canton du Jura a été signé et suscite des contestations
Le concordat pour le transfert de Moutier dans le canton du Jura a été signé et suscite des contestations / 12h45 / 1 min. / le 25 novembre 2023
Le transfert de Moutier du canton de Berne dans celui du Jura a franchi vendredi une étape cruciale avec la signature du Concordat. Ce document règle les modalités du changement d'appartenance cantonale de cette commune de 7200 habitants, processus inédit en Suisse.

C'est à Moutier que le conseiller d'Etat bernois Pierre Alain Schnegg et la ministre jurassienne Nathalie Barthoulot ont signé le Concordat qui met un terme à la Question jurassienne. La cité prévôtoise doit devenir jurassienne le 1er janvier 2026.

Ce document a été avalisé par les deux exécutifs dans sa forme définitive au terme d'une consultation qui a eu lieu cet été. Le Concordat doit assurer la continuité administrative, fiscale, scolaire, judiciaire et hospitalière de Moutier en vue de son transfert.

La procédure compte encore plusieurs étapes. Le Concordat sera soumis au Parlement jurassien et au Grand Conseil bernois au cours du printemps 2024. Ce sera ensuite au corps électoral des deux cantons de se prononcer le 22 septembre 2024.

La fin de la Question jurassienne

"Le Concordat entérine la fin de la Question jurassienne et le début d'une nouvelle ère entre les deux cantons", a souligné vendredi le conseiller d'Etat bernois Pierre Alain Schnegg. Tout comme sa collègue jurassienne Nathalie Barthoulot, il a évoqué des relations apaisées et tournées vers l'avenir entre les deux cantons.

Le conseiller d'Etat bernois a salué un épilogue pacifique tout en rappelant que le canton de Berne regrettait le départ de Moutier. Il a salué le travail effectué tant par les négociateurs que par les deux gouvernements pour aboutir à une solution équilibrée.

Nathalie Barthoulot a rappelé que chaque canton avait dû faire des compromis. "Nous avons fait des pas l'un envers l'autre", a-t-elle ajouté évoquant avec émotion un moment historique. Pour la ministre jurassienne, cette signature termine un processus démocratique.

ats/vkiss

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Les opposants montent au front

Le Concordat sur le transfert de Moutier dans le canton du Jura ne fait pas l'unanimité. Plusieurs mouvements de lutte antiséparatistes et certains députés au Grand Conseil bernois ont annoncé vendredi vouloir s'opposer à ce document dans sa version actuelle.

Les députés UDC du Jura bernois vont s'opposer au Concordat lors de son examen au printemps prochain au Grand Conseil, a annoncé le député Etienne Klopfenstein. "Avec le changement cantonal de la commune de Moutier, il n'y a pas de gagnants, il n'y a que des perdants", a estimé l'élu UDC qui s'exprimait moins d'une heure après la signature du texte.

Députée PLR du Jura bernois, Virginie Heyer a aussi affirmé qu'à titre personnel elle ne soutiendrait pas ce texte. "Nous estimons qu'il aurait été possible d'obtenir plus financièrement en faveur des intérêts du canton et surtout en faveur du Jura bernois". Et d'ajouter que le canton de Berne a fait beaucoup de compromis financiers.

Le conseiller national Manfred Bühler, président de l'UDC bernoise, a lui aussi estimé que les conditions n'étaient pas réunies pour qu'il puisse approuver ce projet. "Aujourd'hui, je voterais non". Les Chambres fédérales devront se prononcer sur l'arrêté modifiant les territoires des cantons du Jura et de Berne en 2025.

Mettre la pression

Des mouvements de lutte comme Moutier-Résiste ou le Groupe Sanglier rejettent le Concordat dans sa formulation actuelle. Ces opposants doutent que les autonomistes renoncent à toute revendication territoriale sur le Jura bernois et estiment que la question de la scolarité des élèves de la couronne de Moutier n'est pas réglée.

"Nous voulons exercer des pressions sur le gouvernement bernois", a relevé le président du mouvement Force démocratique Jean-Pierre Graber. "Je sais que le Concordat sera accepté par le Grand Conseil bernois pour la raison d'Etat", a estimé l'ancien conseiller national. "Il ne s'agit pas de relancer la Question jurassienne, mais de poser des questions", a complété Virginie Heyer.