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Des élus italiens demandent un corridor humanitaire par la Suisse

Les Verts sont inquiets de "la crise humanitaire" à Côme. [key - Ti-Press/Francesca Agosta]
Des élus italiens demandent un corridor humanitaire par la Suisse pour éviter la crise migratoire / Le Journal du matin / 4 min. / le 9 juin 2017
Afin d'éviter la situation vécue à Côme l'an dernier dans le cadre de la crise migratoire, des élus italiens militent pour l’ouverture d’un corridor humanitaire à travers la Suisse.

Depuis le début de l’année, le nombre de migrants enregistrés en Italie accuse une hausse de 60% par rapport à la même période de l’an dernier. En Lombardie, les structures aménagées par les ONG et Caritas sont toutes complètes, au point où certains migrants dorment à la belle étoile.

Paradoxalement, à Chiasso (TI), l’effet domino ne se fait pas sentir et le nombre de demandes d’asile a même reculé de 44%.

Pour le patron du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), Mario Gattiker, les procédures d’asile accélérées a diminué l’attractivité de la Suisse. Une situation qui s'observe par exemple dans la localité tessinoise de Rancate, dont le centre spécial pour l’accueil de courte durée des migrants en procédure de réadmission est souvent vide.

"La question doit être débattue au niveau des Etats"

C’est ainsi en Italie que la pression migratoire est la plus forte. D’où, selon certains élus, telle la candidate à la mairie de Côme Céleste Grossi, ou Luca Gaffuri, conseiller régional de Lombardie, le besoin d’aménager un corridor humanitaire qui traverse la Suisse.

"Dans notre proposition, nous demandons à la Suisse et à la communauté européenne de créer un corridor humanitaire assorti de contingents à la charge de chaque pays, qui permette à ces personnes d’arriver en toute sécurité au lieu qu’elles souhaitent rejoindre", estime Luca Gaffuri.

Au Tessin, le conseiller d'Etat Norman Gobbi, chef du Département des institutions, reste prudent. "La question doit être débattue au niveau des chefs d’Etat et des ministres de l’Intérieur", dit-il.

L’ important, selon lui, c’est "de ne pas avoir un tuyau sans issue. Au final, c’est une question d’hydraulique: on observe toujours que les flux migratoires sont un peu comme le principe de l’eau courante."

Une solution "illusoire"

De leur côté, les spécialistes considèrent la solution d'un corridor humanitaire comme peu réaliste: "L’Allemagne est en année électorale. Il est complètement illusoire de penser que, juste avant les élections, (la chancelière) Angela Merkel va ouvrir les portes pour une solution d’exception, pour des gens qui arrivent de Libye par l’Italie", rapporte Gianni D’Amato, de l'Université de Neuchâtel.

Pour cet expert en migrations, les voies à explorer sont plutôt de type communautaire et il plaide pour une réflexion politique, avec des solutions qui englobent tous les pays européens: "Il y a différents projets, comme celui d’une commission en Allemagne, dont je fais partie. Celle-ci propose une 'européanisation' des contrôles des requérants sur leur lieu d’arrivée, et d’une communautarisation des procédures pour ceux qui obtiennent le statut, la possibilité d’aller s’établir où ils veulent s'ils trouvent un job."

Nicole della Pietra/hend

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"Le SEM doit faire preuve de plus de cohérence"

Alors que, selon les chiffres officiels, plus d’un tiers des migrants qui déposent une demande d’asile en Suisse disparaît dans la nature, le conseiller d'Etat tessinois Norman Gobbi renvoie la responsabilité au Secrétariat d’Etat aux Migrations (SEM): "Les migrants qui disparaissent de notre territoire violent la loi fédérale sur les étrangers. Donc, dans ce sens, le SEM est compétent, pas uniquement en matière d’asile mais aussi pour la loi fédérale sur les étrangers, et je demande un peu plus de cohérence".