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La police saint-galloise s'intéresse au talent des "super-reconnaisseurs"

Les "super-physionomistes" sont des individus capables d'identifier instantanément des personnes, qu'ils ont croisé une seule fois dans leur vie. Un talent qui intéresse la police. Reportage à Saint-Gall
Les "super-physionomistes" sont des individus capables d'identifier instantanément des personnes qu'ils ont croisé une seule fois dans leur vie. Un talent qui intéresse la police. Reportage à Saint-Gall / 19h30 / 2 min. / le 29 janvier 2024
Certaines personnes sont capables d'identifier en quelques secondes un visage qu'ils n’ont vu qu'une seule fois dans leur vie. Ce talent, qui dépasse celui des machines, a attiré l'attention de la police saint-galloise, qui lance un essai pilote pour intégrer ces "super-reconnaisseurs" à leur équipe.

Six personnes ont été choisies, après des tests poussés, pour le premier projet pilote de cette ampleur en Suisse. Tous et toutes possèdent un talent de reconnaissance faciale exceptionnel. Un homme est ainsi capable de reconnaître une personne cagoulée au milieu d’une foule en mouvement et avec un champ de vision restreint.

"J’ai eu récemment un cas, lors d’une bagarre au couteau. Quand je suis arrivé sur les lieux et que j’ai vu une des personnes présentes, j’ai pu l’interpeller par son nom. Je me souvenais l’avoir contrôlée il y a quelques années. Je peux même dire où c’était", raconte l'homme, qui travaille pour la police saint-galloise, dans le 12h45 de la RTS.

Avantages de l'oeil humain

Si les forces de l'ordre s'intéressent particulièrement à ces capacités, c'est parce qu'elles présentent plusieurs avantages par rapport à une machine. Pour Meike Ramon, directrice du Laboratoire de reconnaissance faciale de l'Université de Lausanne, l'humain est même toujours meilleur en raison de sa flexibilité dans l’utilisation des informations reçues.

"Contrairement à certains logiciels de détection classiques, nous n’avons pas forcément besoin d’avoir les deux yeux, un nez et une bouche pour pouvoir reconnaître un visage", explique-t-elle. "Donc si vous prenez votre téléphone et que vous zoomez, vous verrez qu'il reconnaît qu'il y a un visage seulement dans certains cas, mais pas dans d’autres", ajoute-t-elle.

Autre avantage de l’oeil humain sur la technologie: il pose moins de problèmes juridiques. "Si on utilise des algorithmes, on est directement confrontés à la loi sur la protection des données", indique Stefan Kühne, chef de la police criminelle de Saint-Gall. "Mais si on utilise des ressources humaines, que ce soit pour la présomption d’innocence ou de culpabilité, on n’a pas ce problème".

>> Relire : Quel cadre légal pour l'utilisation de la reconnaissance faciale ou vocale?

Les autorités saint-galloises devraient décider à la fin de l’année si ces super-reconnaisseurs intégreront définitivement la police.

Pascal Schmitz/Valérie Gillioz/edel

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