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À Zurich, les avocats du détenu "Carlos" déposent une plainte pénale

Le délinquant zurichois est suivi par la presse depuis 2013. [Keystone - Walter Bieri]
Dans l'"Affaire Carlos", les avocats de Brian déposent une plainte pénale / Le Journal horaire / 34 sec. / le 21 février 2022
Les avocats du jeune délinquant récidiviste "Carlos" ont déposé une plainte pénale au nom de leur client. Ils demandent une enquête sur les conditions de détention du jeune homme, notamment les allégations de "torture", et exigent sa libération immédiate.

Le jeune homme, âgé aujourd'hui de 24 ans et qui souhaite qu'on l'appelle désormais par son vrai prénom, Brian, a été détenu au secret pendant plus de mille jours, ce qui est contraire au droit international, ont affirmé ses avocats. Il a récemment été transféré du pénitencier de Pöschwies (ZH) dans une autre prison où il est détenu "normalement" et il se porte mieux, ont-ils précisé.

>> Lire à ce sujet : La justice zurichoise devra assouplir les conditions de détention de "Carlos"

Nombre d'experts ont constaté "des actes de torture et des traitements inhumains" dans les conditions de détention précédentes, a déclaré lundi Philip Stolkin, un des avocats du jeune homme, lors d'une conférence de presse à Zurich.

Avec leur plainte, ces avocats demandent une enquête approfondie et complète par un organisme indépendant sur les nombreuses accusations qui ont été portées l'année dernière, notamment par le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture Nils Melzer.

"Défaillance de la justice"

L'histoire de Brian est celle "d'une défaillance de la justice et des autorités, d'un racisme structurel, de campagnes médiatiques agressives et de violations répétées des droits humains", estiment les avocats.

La plainte a été déposée "parce que les autorités sont restées inactives", a indiqué l'avocat Thomas Häusermann. "Au lieu d'enquêter sur les soupçons de torture, les responsables ont tenté désespérément d'enjoliver les années d'isolement".

Selon la plainte, il existe des soupçons de séquestration, d'abus d'autorité, de contrainte et de lésions corporelles graves. Les avocats se basent notamment sur l'expertise d'un médecin qui a examiné l'état de santé de Brian au cours des derniers mois. Ce dernier est arrivé à la conclusion que "les traitements médicaux et les examens pratiqués dans l'établissement pénitentiaire de Pöschwies ne répondaient pas aux normes médicales". Les normes éthiques auraient été ignorées.

Dangerosité remise en question

Actuellement, Brian est incarcéré avec vingt codétenus, alors que le contact avec d'autres détenus lui avait été refusé pendant trois ans et demi. Il était alors jugé "trop dangereux" par l'administration pénitentiaire. En le transférant dans une prison normale, les autorités viennent de prouver "qu'il n'est manifestement pas dangereux", estiment les avocats.

En juin dernier, la justice zurichoise l'avait cependant condamné à 6 ans et 4 mois de prison pour avoir attaqué et blessé des codétenus et des membres du personnel pénitentiaire.

Délinquant condamné à de multiples reprises, Brian s'est fait connaître du grand public en août 2013 dans le cadre d'un reportage de la chaîne alémanique SRF. L'émission avait révélé les coûts élevés de l'encadrement mis en place par la justice des mineurs pour sa réinsertion, ce qui avait suscité un tollé et l'abandon du projet.

ats/jop

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