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Dans une école zurichoise, les élèves font passer les entretiens d'embauche

Au collège de Wädenswil, ce sont les élèves qui auditionnent les futurs enseignants.
Au collège de Wädenswil, ce sont les élèves qui auditionnent les futurs enseignants. / Couleurs locales / 2 min. / le 10 janvier 2022
A l’école secondaire de Wädiswil (ZH), ce sont les adolescents qui posent certaines questions lors de l'entretien d'embauche des enseignantes et enseignants. Et les RH en herbe s’exercent avec le directeur de l'école.

Les questions fusent: "Seriez-vous sensible aux problèmes personnels des élèves?" "À quoi ressemblent vos cours?" "Si vous remarquez que la classe n’est pas motivée, qu’est-ce que vous pensez faire pour rendre votre leçon plus intéressante?"

Les élèves ont une idée très précise des qualités qu'il faut présenter pour être un bon enseignant. Il faut que le candidat soit "ouvert, et pas renfermé sur lui, pas sur la retenue et qu’il soit beaucoup là pour nous", souligne Bibiana, interrogée cette semaine dans Couleurs Locales.

"Ce qui compte, c’est que la communication passe avec cette personne, que nous soyons ouverts, mais que l’enseignant ou l’enseignante le soit également", indique sa camarade Zara.

La direction reste maître de la décision finale

Le directeur de l’établissement et initiateur du projet, Paolo Castelli, coache les adolescents. Depuis 5 ans, il implique des jeunes dans le processus de recrutement, un cas exceptionnel en Suisse. Ecolières et écoliers font certes partie du processus, mais la décision finale reste quand même du ressort de la direction.

"Nous donnons aux élèves une responsabilité et, ce faisant, nous parvenons à instaurer un sentiment fort d’identification à l’école", explique-t-il. "Ils participent, ils peuvent exercer leurs capacités de discussion et leur manière de paraître, ils peuvent acquérir plein de compétences importantes dont ils auront besoin pour leur avenir."

Question déstabilisante

Sabrina Röllin est aujourd’hui maîtresse de classe dans cette école. Il y a un an et demi, elle est passée par ce processus de recrutement original.

"Dans un premier temps, j’ai été surprise, parce que je n’avais jamais connu ça", raconte-t-elle. "Mais j’ai trouvé intéressant de le faire une fois comme ça."

Les élèves ne lui ont pas fait passer un entretien de complaisance. Au contraire, c'était l'occasion de tester ce qu'elle avait dans le ventre.

"Il y a une question qui me reste particulièrement en mémoire, c’était celle de savoir combien de balles de golf pouvaient prendre place dans un bus. D’abord j’étais désemparée, mais je crois que les élèves voulaient juste voir comment je pouvais réagir face à une question incongrue."

"Je suis un peu partagée"

Dagmar Rösler, qui préside la faîtière suisse des enseignantes et enseignants, trouve important que les élèves participent à la conception de leur quotidien. Mais avec quelques réserves sur le processus d’embauche.

"Les entretiens d’embauche sont une affaire très sensible et je suis un peu partagée de savoir si c’est judicieux d’impliquer les élèves", juge-t-elle. Que les élèves connaissent des nom de personnes qui ont postulé peut être délicat au niveau de la protection des données, avance-t-elle.

"Concernant la protection des données, je peux dire que les élèves n’ont aucun accès au dossier et nous convenons de manière très claire sur les limites des questions qu’ils peuvent poser et sur le devoir de réserve", rassure Paolo Castelli.

Les choses sérieuses commencent ce mois. Les vrais entretiens d’embauche sont à l’agenda des élèves de terminale qui participent au recrutement.

Sujet TV: Jost von Redding avec SRF

Adaptation web: ami

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