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Le conseiller d'Etat zurichois Mario Fehr quitte le Parti socialiste

Mario Fehr quitte le Parti socialiste. [Keystone - Walter Bieri]
Mario Fehr quitte le Parti socialiste / Le Journal horaire / 11 sec. / le 18 juin 2021
Le conseiller d'Etat zurichois Mario Fehr a annoncé vendredi qu'il quitte le Parti socialiste (PS) avec effet immédiat. Il justifie cette décision par les tensions toujours plus grandes entre lui et la direction du parti.

Après dix années au gouvernement zurichois, la poursuite d'une collaboration avec le PS ne lui semble plus possible, a indiqué Mario Fehr lors d'une conférence de presse vendredi à Zurich.

En tant que conseiller d'Etat, on dépend du soutien de ses partenaires, a indiqué le ministre de la sécurité. "Les tensions avec la direction de plus en plus idéologique et toujours plus à gauche du PS de la ville et du canton ont rendu cette coopération de plus en plus difficile pour moi, voire impossible".

Insultes, plaintes et poursuites pénales

Mario Fehr déplore l'intolérance croissante à l'égard des opinions dissidentes au sein du parti. Cette intolérance s'est manifestée sous la forme d'insultes, de plaintes et de poursuites pénales, a-t-il affirmé.

La Jeunesse socialiste a déposé plainte contre Mario Fehr en juillet 2015, suite à l'achat d'un programme informatique de surveillance. Ce programme était destiné à la police cantonale pour lutter contre le gros trafic de drogue et le blanchiment d'argent.

Les jeunes socialistes l'accusaient d'abus de pouvoir et d'acquisition illégale de données. Le Ministère public a conclu que Mario Fehr n'a pas donné suite à la plainte, estimant qu'il n'y a pas eu d'abus et de récoltes illégales de données. Se basant sur les conclusions du Ministère public, le bureau du Parlement a refusé en novembre de la même année de lever l'immunité du conseiller d'Etat.

Appartenance au PS suspendue en 2015

Le PS avait désapprouvé la démarche de la Jeunesse socialiste, espérant ainsi que ses relations avec Mario Fehr puissent se normaliser. Le conseiller d'Etat avait suspendu son appartenance au parti à la suite de la plainte des jeunes socialistes.

Le conseiller d'Etat a dit vendredi vouloir préserver sa capacité à gouverner et sa crédibilité. Il quitte donc le PS après 39 ans. Il n'a pas l'intention de rejoindre un autre parti politique. Il décidera dans un an au plus tôt s'il briguera un nouveau mandat lors des élections cantonales de 2023, a-t-il précisé.

Des positions trop fermes

Mario Fehr est critiqué depuis des années par l'aile gauche du PS et la Jeunesse socialiste en raison de sa fermeté en matière de sécurité et de ses positions dans le domaine de l'asile. Ses adversaires l'accusent de ne pas représenter adéquatement les valeurs du PS et de la gauche avec des positions jugées trop bourgeoises.

Lors des élections cantonales de 2019, sa candidature au gouvernement n'a été acceptée qu'avec une faible majorité au sein du PS. Les Verts et la Liste alternative (AL) ne l'ont pas soutenu. Il a tout de même été réélu à l'exécutif avec le meilleur résultat.

Mario Fehr a été élu au gouvernement zurichois en 2011. Il est chef du département de la sécurité. Il a siégé au Conseil national de 1999 à 2011.

ats/lan

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"Pas une surprise"

L'annonce par le conseiller d'Etat Mario Fehr qu'il quitte le PS provoque de nombreuses réactions.

Le départ de Mario Fehr n'est pas une surprise pour le PS. "D'intenses discussions" ont eu lieu ces dernières semaines entre la direction du parti et le conseiller d'Etat, indique le PS zurichois vendredi.

"On sait que la coopération entre Mario Fehr et le parti n'a pas toujours été facile", souligne le PS. "C'est notamment le cas dans le domaine de l'asile où il existe de grandes divergences de vues".

Il était temps qu'il démissionne, estime la Jeunesse socialiste (Juso) de la ville de Zurich sur Twitter.

Du côté bourgeois, la démission de Mario Fehr doit être une leçon pour le PS. Les critiques lancées par le conseiller d'Etat doivent "faire réfléchir le parti, car les chances d'élection de Mario Fehr en 2023 sont extrêmement bonnes", a écrit sur Twitter Camille Lothe, présidente des jeunes UDC du canton de Zurich.