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Agriculteur cherche l'amour: la téléréalité fait un tabac outre-Sarine

L'image de promotion de l'émission "Bauer, ledig, sucht". [3plus.tv]
Le succès de la TV réalité alémanique / La Matinale / 3 min. / le 23 octobre 2020
Les Romands sont habitués des émissions de téléréalité françaises, mais ils connaissent moins les programmes similaires qui existent en Suisse alémanique. Pourtant ceux-ci font un tabac de l'autre côté de la Sarine.

En Suisse alémanique, la nouvelle saison du "Bachelor" a démarré cette semaine et connaît de plus en plus de succès. La dernière saison de "Bachelorette", où une vingtaine de prétendants tentent de gagner le coeur d'une célibataire, a d’ailleurs atteint une part de marché de 80% chez les jeunes téléspectatrices.

La constatation est similaire pour l'émission "Bauer, ledig, sucht", un pendant à "L'amour est dans le pré" à la sauce alémanique. Comme en France, les candidats sont des agriculteurs en quête du grand amour, à la différence qu'ils viennent d'Obwald ou de Thurgovie: des agriculteurs cherchent l'amour.

La seizième et dernière saison en date bat des records d'audience, selon la chaîne privée 3 Plus, qui la diffuse.

Des événements inscrits à l'agenda culturel

Pour Maurice Thiriet, rédacteur en chef chez Watson interrogé vendredi dans La Matinale, ce succès tient au fait que ces émissions sont beaucoup plus pertinentes quand elles touchent à notre propre culture. Et comme la Suisse est petite, les téléspectateurs vont vite connaître l'un ou l'autre des candidats, qui sont d'ailleurs choisis selon cet équilibre régional.

"Ces programmes sont aussi transformés en événements, explique encore Maurice Thiriet. Il y a toujours une projection publique de "Bachelorette", dans un club, avec tous les candidats et les fans. Cela devient un événement de société, inscrit à l'agenda culturel, et pas seulement de la télévision bas de gamme."

Et cette recette fonctionne: la dernière saison de "Bachelorette", où une vingtaine de prétendants tentent de gagner le coeur d'une célibataire, a atteint une part de marché de 80% chez les jeunes téléspectatrices.

Rien en Suisse romande

Si le succès est au rendez-vous outre-Sarine, il semble surprenant que ces programmes prisés n'existent pas en Suisse romande. Mais il s'agit tout d'abord une question financière: le marché est plus petit avec un secteur privé moins puissant.

Mais ce n'est pas l'unique raison. La RTS pourrait par exemple se lancer dans ce type de divertissements, mais elle ne le fait pas. Valérie Rusca, responsable des séries originales, pense que le public romand aime voir certains programmes "trash", mais préfère le regarder chez les autres plutôt qu'à la RTS. "Je ne suis pas sûr que ce soit dans la mentalité de chez nous de faire ce genre de chose", estime-t-elle.

Valérie Rusca se souvient ainsi que l'émission "Super Seniors", l'enfermement durant deux mois de 13 séniors pour qu'ils écrivent une comédie musicale, avait vu les protagonistes s'écharper, suscitant beaucoup de remous, jusqu'à une pétition qui demandait que ce programme jugé vulgaire soit retiré.

La TV alémanique tente timidement de séduire les Romands

Autrement dit, les Romands consomment aussi de la téléréalité, mais ils préfèrent qu'elle soit produite en France. Ce qui n'empêche pas la chaîne alémanique 3 Plus de tenter à chaque saison de conquérir quelques téléspectateurs francophones en plaçant des candidats romands dans ses castings.

Mais la téléréalité alémanique n'attire encore qu'un faible public romand, quelques milliers de personnes tout au plus. Une réalité qui rappelle encore une fois la puissance de notre barrière de rösti.

Joëlle Cachin/boi

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