Pour le 19h30, une équipe de la RTS a suivi une dizaine de Romandes et Romands qui ont passé quatre jours au cœur d’une forêt fribourgeoise. Ils y ont appris les fondements de la survie: faire du feu, se nourrir de plantes ou encore construire une cabane.
Il ne s'agit pas de se préparer à la fin du monde, mais de chercher à dompter les éléments.
"Faire un truc vraiment constructif"
"C’est une expérience que j’avais envie de faire. Au lieu de partir en vacances, de toute façon maintenant personne ne part, mais de faire un truc vraiment constructif", explique l'un d'entre eux.
Instructeur de survie à la Survival Outdoor School, Antonino Catalanotto apprivoise la nature depuis une dizaine d’années. Perçue comme un peu sauvage, marginale à ses débuts, la survie en forêt s’est quelque peu civilisée.
"Ca commence à devenir un truc cool", relève celui que l'on surnomme Nino. Aux interrogations dubitatives d'il y a quelques années ont succédé les remarques admiratives. "Du coup, il y a un regain d’intérêt", souligne-t-il.
Le Covid a été comme une confirmation de ce que les survivalistes disaient depuis très longtemps, que tout peut s’effondrer très vite.
Durant la crise sanitaire, les requêtes du terme "survivalisme" sur les moteurs de recherche ont crû de 600% en quelques mois seulement. Echo médiatique, émissions de télévision, forte présence des survivalistes sur les réseaux sociaux, ce courant, né dans les années 1960 aux Etats-Unis, trouve un plus large public.
Une époque particulièrement anxiogène
"Il y a des poussées de survivalisme, c’est-à-dire qu’il y a des époques très anxiogènes qui amènent les gens à s’interroger sur leur survie", relève Maria Mercanti-Guérin, économiste à la Sorbonne. "Le Covid a été comme une confirmation de ce que les survivalistes disaient depuis très longtemps, que tout peut s’effondrer très vite".
Les milieux de l'édition ou les spécialistes de l'aventure l'ont vite compris. Le survivaliste est une nouvelle cible marketing qui émerge, souligne Maria Mercanti-Guérin. "Et donc on vend énormément de choses". Publication de livres, développement de marques et de nouveaux produits: les rayons consacrés à la survie fleurissent dans les grandes enseignes qui surfent sur ce nouveau courant de consommation.
"On voit des référencements plus importants sur ce côté-là, avec des produits tels que des pailles pour purifier l’eau, comment savoir-faire un feu soi-même", confirme Clément Chancrin, responsable d’un magasin Nature & Découvertes. "Au bout du compte, le survivalisme est un nouveau courant de consommation sans l’être", résume l'économiste Maria Mercanti-Guérin.
Appel à respecter la nature
Mais pour les experts de la survie, comme Antonino Catalanotto, cette nouvelle tendance n’est pas sans risque. "Je vous demanderai d’avoir du respect pour les plantes, aussi de ne pas en cueillir plus que ce dont vous avez besoin", lance-t-il au groupe.
Pour lui, le côté positif est que les gens recherchent le contact avec la nature et vont dehors. Mais le côté négatif, "c’est que souvent on piétine, on ne sait pas, on arrive quand les oiseaux ont leurs œufs et ça les dérange".
Déconnexion, recherche d’indépendance dans la nature, tout en la respectant: la crise sanitaire a poussé certains à un retour aux besoins fondamentaux de l’être humain, en créant malgré eux un nouveau mode de consommation.
Clémence Vonlanthen/oang