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22 ans après la guerre, "il existe des risques de déstabilisation en Bosnie"

L'invitée de Romain Clivaz – Florence Hartmann, ancienne porte-parole du Tribunal pénal international
L'invitée de Romain Clivaz – Florence Hartmann, ancienne porte-parole du Tribunal pénal international / La Matinale / 10 min. / le 21 novembre 2017
A la veille du verdict contre Ratko Mladic, jugé notamment pour crimes de guerre, l'ex-porte-parole du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) Florence Hartmann observe un risque de déstabilisation en Bosnie.

La signature des accords de Dayton en décembre 1995 a mis fin aux conflits entre les différentes ethnies en Bosnie-Herzégovine. Or, la communauté internationale s'est progressivement désintéressée de la situation dans les Balkans, ce qui fait craindre un regain de tension, selon Florence Hartmann, ancienne porte-parole du TPIY.

"Les accords de Dayton ont été faits avec les moyens du bord, au moment où les armées étaient à l'oeuvre. Ils n'étaient pas parfaits et ont introduit des éléments qui correspondaient à la volonté de ceux qui voulaient détruire la Bosnie et séparer toutes les ethnies", a-t-elle expliqué mardi dans La Matinale de la RTS.

Manque de vigilance

Florence Hartmann a dit regretter qu'il n'y ait pas eu davantage de suivi de la situation. "L'Europe et les Etats-Unis, en particulier, ne se sont pas assurés que les parties ne poursuivent pas, par d'autres moyens, les objectifs guerriers dans les années qui ont suivi la guerre."

Selon elle, l'avènement du terrorisme y est pour beaucoup: "L'agenda international a changé au XXIe siècle avec la guerre contre le terrorisme. Il y a eu un désintérêt et, à cet instant, certains politiques (de la région) ont repris le contrôle pour essayer de poursuivre et de capitaliser sur ce que les crimes et la guerre avaient produit."

Rôle de l'Europe

L'ancienne porte-parole du TPIY a également appelé les dirigeants européens à faire davantage preuve de fermeté. "Il faut dire 'non, on arrête. On ne détruira pas les frontières des Etats qui ont été reconnus au moment de la dissolution de la Yougoslavie.' Les positions de l'Europe doivent être extrêmement claires (sur ce fait). Or, cette position n'a pas été suffisamment forte et des brèches s'ouvrent et donnent espoir à certains d'obtenir ce qu'ils n'ont pas obtenu par les armes jusqu'à présent. Et c'est là que la déstabilisation et le danger qui existent en Bosnie se présentent."

Propos recueillis par Romain Clivaz

Texte web: hend

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Verdict historique attendu mercredi

Le verdict historique rendu contre l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic est attendu mercredi. Il était l'un des membres du trio de dirigeants serbes avec Slobodan Milosevic, leader de la Grande Serbie, décédé dans sa cellule en 2006 avant la fin de son procès, et Radovan Karadzic, condamné à 40 ans de prison ferme.

"(Ratko Mladic) est un personnage clé. Il a été inculpé dès 1995, à la toute fin de la guerre en Bosnie-Herzégovine et a été en fuite pendant 16 ans. C'était un officier de carrière ambitieux. Il était loyal au point de mettre en oeuvre des ordres manifestement criminels de la direction politique", a précisé Florence Hartmann.