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Le poids économique de la Catalogne, un enjeu du débat sur l'indépendance

Image du quartier d'affaires de Barcelone, Les Corts. [Flickr - licence Creative Commons Attribution 2.0 Generic - Jorge Franganillo]
Image du quartier d'affaires de Barcelone, Les Corts. - [Flickr - licence Creative Commons Attribution 2.0 Generic - Jorge Franganillo]
La Catalogne est l'un des principaux moteurs de l'Espagne. L'éventualité d'une déclaration d'indépendance de la région inquiète les grands patrons catalans, tout comme les milieux économiques espagnols.

Du seul point de vue de la richesse produite, l'Espagne aurait beaucoup à perdre si la Catalogne venait à proclamer son indépendance. Malgré le gros point faible que représente sa dette élevée (plus de 35% de son PIB), la Catalogne est un poumon économique du pays.

Cette communauté autonome du nord-est du pays représente 6% de la surface du territoire, mais 16% de sa population et un cinquième de son PIB. Au coude à coude avec Madrid pour le titre de région la plus riche du pays, elle se classe quatrième pour le PIB par habitant.

Avec sa capitale Barcelone et les plages de la Costa Brava, la Catalogne est la région espagnole qui attire le plus de touristes. L'an passé, plus de 18 millions s'y sont rendus, soit un quart du tourisme total dans le pays.

La Catalogne abrite 40% des grandes entreprises de plus de 200 salariés, des industries de pointe et des centres de recherche majeurs, notamment dans les domaines du nucléaire et de la biomédecine.

Elle est aussi de loin la première région exportatrice d'Espagne (25% des exportations) et connaît un taux de chômage inférieur à celui de l'ensemble du pays.

Quel impact sur l'économie catalane?

Pour ce qui est de l'impact d'une éventuelle partition sur l'économie catalane, le débat fait rage et les conclusions diffèrent, selon que l'on se place du côté de ses partisans ou de ses opposants, et selon les hypothèses choisies.

Le ministre de l'Economie espagnol part par exemple du principe qu'une Catalogne indépendante sortirait de l'UE, provoquant une chute de son PIB de 25 à 30% et une hausse du chômage.

Certains économistes estiment au contraire que le nouvel Etat se maintiendrait dans l'UE et calculent que son PIB pourrait rester stable à court terme -voire augmenterait à long terme.

Toutefois, une onde d'inquiétude se propage depuis quelques jours parmi les acteurs économiques. Lundi, la principale organisation patronale de la région, Foment del Treball, s'est fendue d'un communiqué prédisant "l'insolvabilité économique" si la sécession était proclamée.

L'incertitude a déjà des conséquences

Selon le patronat catalan, le climat d'incertitude qui règne depuis le référendum du 1er octobre a plongé les milieux économiques dans un "degré d'inquiétude maximal". L'organisation affirme que des investissements dans le secteur industriel ont été suspendus et que les réservations touristiques dans la région sont à la moitié de leur niveau habituel.

La plupart des grandes entreprises et banques basées à Barcelone ont décidé de transférer leurs sièges sociaux hors de Catalogne, afin de parer les conséquences juridiques d'une éventuelle proclamation d'indépendance.

Caixabank, troisième banque espagnole et première entreprise de Catalogne par la capitalisation boursière, a décidé de transférer son siège à Valence, tandis que le siège de la banque catalane Sabadell, cinquième établissement bancaire d'Espagne, se déplace à Alicante.

>> Lire : La 3e banque espagnole transfère son siège social hors de Catalogne

Le conseil d'administration du groupe énergétique Gas Natural a convenu, lui, de relocaliser son siège social à Madrid. Lundi, la fuite s'est poursuivie avec l'annonce du transfert vers Madrid des sièges sociaux de trois grands groupes: le gestionnaire d'autoroutes Abertis, le groupe de télécommunication Cellnex et le groupe immobilier Colonial.

Avec ces départs, il ne reste plus en Catalogne qu'un groupe coté à l'Ibex 35 (l’indice des valeurs-vedettes de la Bourse de Madrid) contre sept en début de semaine dernière.

ptur avec agences

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Préoccupation des épargnants

Inquiets pour leurs économies, certains épargnants catalans transfèrent par ailleurs leurs comptes en banque dans d'autres régions d'Espagne ou vers d'autres établissements. L'agence Reuters a ainsi rapporté lundi la formation de longues files d'attente devant les succursales de Caixabank et de BBVA à Fraga, une ville d'Aragon proche de la Catalogne.

En cas de partition, les règles fixées par Banque centrale européenne pour protéger les épargnants ne s'appliqueraient plus, même si la Catalogne conservait la monnaie unique.