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La Suisse encouragée à jouer le rôle de médiateur entre l'Iran et les Etats-Unis

Robert Malley et John Kerry. [Reuters - Brian Snyder]
Donald Trump et Hassan Rohani s'injurient sur l'accord nucléaire, l'interview de Robert Malley / Tout un monde / 9 min. / le 21 septembre 2017
Les critiques du président américain Donald Trump concernant l'accord nucléaire avec l'Iran inquiètent les experts. Interviewé par la RTS, Robert Malley, ex-conseiller de Barack Obama, appelle la Suisse à jouer le rôle de médiateur.

La tension est montée ces dernières heures entre les Etats-Unis et l'Iran. A la tribune de l'assemblée générale de l'ONU, à New York, le président iranien Hassan Rohani et son homologue américain se sont invectivés par discours interposés, avec l'accord nucléaire en toile de fond. Alors que Donald Trump a accusé le gouvernement iranien d'être corrompu, Hassan Rohani a répondu qu'il ne se laisserait pas faire par des "voyous qui viennent d'arriver sur la scène internationale".

Robert Malley a estimé que la Suisse avait un rôle à jouer pour faciliter le dialogue entre les deux pays. "La question est de savoir qui peut faire passer les messages entre les deux pays", a-t-il dit dans l'émission Tout un monde. "C'est un rôle naturel pour la Suisse. Peu de pays peuvent le faire aujourd'hui. J'encourage les officiels suisses à jouer ce rôle", a précisé l'ancien conseiller de Barack Obama pour l'Iran et le Moyen-Orient.

Un accord "sans précédent"

"L'accord nucléaire avec l'Iran est en danger depuis le jour de l'élection du président Trump qui n'a jamais caché son opposition viscérale à l'accord", a rappelé l'expert.

"Quasiment tous les experts nucléaires s'accordent à dire que c'est un accord sans précédent pour limiter les capacités nucléaires d'un pays comme l'Iran. Celui-ci était à deux ou trois mois d'avoir assez de matériel pour produire une bombe", a-t-il souligné.

Pression internationale

Robert Malley compte sur la communauté internationale pour mettre la pression sur Donald Trump: "S'il y a un message très clair de la part des pays - la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne - disant qu'ils resteront solidaires (de cet accord), je pense que cela peut changer la donne aux Etats-Unis. Ne serait-ce que pour convaincre les membres du Congrès qui ne veulent pas une crise avec les pays alliés au moment où il y en a déjà une - très urgente - avec la Corée du Nord".

Selon lui, le président américain donne un mauvais signal vis-à-vis de Pyongyang: "Pourquoi est-ce que la Corée du Nord, la Chine ou les autres alliés de Pyongyang feraient confiance aux Etats-Unis dans le cadre d'une négociation sur programme nucléaire nord-coréen lorsqu'ils voient que ces accords ne (sont pas respectés)?".

Vers un "cocktail explosif"

L'ancien conseiller de Barack Obama ne croit cependant pas au scénario du pire: "Je ne pense pas que Donald Trump, aussi imprévisible soit-il, ira dans la directions (d'une rupture de l'accord)".

Il a dit craindre un renforcement des sanctions de la part des Etats-Unis en vue d'une renégociation: "En disant aux Iraniens qu'ils ne bénéficieront plus des contre-parties économiques tant que l'accord ne sera pas renégocier, cela devient très difficile pour l'Iran de continuer à le respecter. Et, à ce moment-là, le pays peut violer l'accord (...) Ce qui peut donner un cocktail explosif"

>> Lire aussi : Avenir incertain pour l'accord sur le nucléaire iranien dénoncé par Donald Trump

Propos recueillis par Raphaël Grand

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