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"On peut faire beaucoup d'argent sur internet en piétinant le droit des autres"

Max Schrems a fait plier Facebook devant la Cour européenne de justice, le 6 octobre 2015. [AFP - John Thys]
Max Schrems continue son combat pour la protection des données personnelles / Le Journal du matin / 4 min. / le 15 mars 2017
Fervent défenseur de la protection des données, Max Schrems, juriste à l'origine d'une plainte collective déposée contre Facebook pour non-respect de la vie privée, a décidé de mener son combat jusqu'au bout.

Figure de la lutte pour la protection des données personnelles, cet Autrichien de 29 ans a décidé en 2011 de s'attaquer aux géants du web pour faire respecter la vie privée de leurs utilisateurs. Le jeune étudiant s'est aussi attaqué à Apple, Microsoft et Yahoo, qu'il accuse de collaboration avec l'agence de surveillance américaine (NSA).

Ce combat perdu d'avance pour beaucoup devrait aboutir à une réelle condamnation de ces pratiques. "Honnêtement, je suis plus optimiste que jamais", avoue Max Schrems, interrogé dans le Journal du matin. "La Silicon Valley et les grands groupes ont l'habitude de faire ce qu'ils veulent, sans conséquence. Leur ligne de conduite est de considérer qu'internet est un domaine qui échappe à la loi."

Je crois que c'est en train de changer, à plusieurs niveaux. On doit vraiment se poser la question, est-ce qu'il est permis de dire ou de faire en ligne tout ce qu'il n'est pas permis dans la réalité? La réponse est relativement claire: Non!

Max Schrems

Il a déjà obtenu gain de cause devant la justice européenne et a contribué à mettre en place le "Règlement européen sur les données personnelles", qui entrera en vigueur en mai 2018. Cet ensemble de lois prévoit des amendes pouvant aller jusqu'à 20 millions d’euros en cas de violation de la protection des données.

"Aujourd'hui, les lois ne sont pas appliquées, car il n'y a ni compétences ni personnel. En Autriche, la peine maximale pour infraction à la sphère privée est de 25'000 euros, l'avocat coûte plus cher que l'amende potentielle, c'est là que réside le problème."

Il n'y pas de conséquences et on peut faire beaucoup d'argent en piétinant le droit des autres.

Max Schrems

"Mais ça change massivement au moins au niveau européen", se réjouit le juriste, présent mercredi soir au Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH).

Sur un plan politique

Le jeune juriste autrichien n'est pas seul à se battre contre ces grandes entreprises actives sur internet. Il y a autour de lui toute une action collective qui considère la protection des données et le respect de la vie privée comme un véritable droit pour les utilisateurs du net et des réseaux sociaux.

La prochaine étape est d'amener cette lutte sur un plan politique pour condamner les pratiques intrusives des géants du web sur le plan international.

Sophie Iselin/lgr

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