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Le président turc évoque à nouveau la peine de mort devant ses partisans

Plus d’un million de Turcs se rassemblent pour marquer l’unité nationale
Plus d’un million de Turcs se rassemblent pour marquer l’unité nationale / 19h30 / 1 min. / le 7 août 2016
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé dimanche qu'il approuvera le rétablissement de la peine de mort si le Parlement vote en ce sens. Il s'exprimait devant plus d'un million de Turcs réunis à Istanbul.

"Si le peuple veut la peine de mort, les partis suivront sa volonté", a dit le président Erdogan devant des sympathisants qui scandaient "peine de mort". Dès le surlendemain du putsch avorté, le président Erdogan avait évoqué un possible rétablissement de la peine capitale, abolie en 2004 dans le cadre de la candidature d'Ankara à l'entrée dans l'UE.

Ce rassemblement sur la grande esplanade de Yenikapi, au bord de la mer de Marmara, parachevait trois semaines de manifestations des partisans du chef de l'Etat dans de nombreuses villes du pays. L'événement était retransmis en direct sur des écrans géants dans d'autres rassemblements organisés un peu partout.

A la même tribune, le Premier ministre, Binali Yildirim, a promis que Fethullah Gülen -qu'Ankara accuse d'avoir orchestré la tentative de putsch- serait traduit devant la justice turque et qu'il en paierait le prix.

Tout plutôt qu'un nouveau coup d'Etat

Les dirigeants de deux partis d'opposition - le Parti républicain du peuple (CHP) et le Parti de l'action nationaliste (MHP) - avaient été invités à prononcer un discours lors de ce rassemblement géant.

"La Turquie d'après le 15 juillet est une nouvelle Turquie", a déclaré à la tribune Kemal Kilicdaroglu, le chef de file du parti laïque CHP. Sur Twitter, il avait écrit plus tôt dans la journée que "la seule manière d'éliminer les coups d'Etat [était] de raviver les valeurs de la République".

La brutalité du putsch avorté du 15 juillet, qui a fait plus de 230 morts, a choqué un pays où la dernière tentative de coup d'Etat remontait à 1980. Même les adversaires d'Erdogan, qui dénoncent son autoritarisme, préfèrent le voir se maintenir à la présidence que de connaître un nouveau coup d'Etat, comme ceux qui ont rythmé l'histoire du pays dans la seconde moitié du XXe siècle.

L'union nationale vacille déjà

L'union nationale pourrait toutefois ne pas durer. L'opposition s'interroge déjà sur le fait de savoir si la restructuration en cours de l'armée, qui se fait sans droit de regard du Parlement, ne va pas trop loin.

Au total, plus de 60'000 militaires, magistrats, fonctionnaires ou enseignants ont été interpellés, suspendus ou font l'objet d'enquêtes judiciaires, au cours de ces purges de masse critiquées par les pays occidentaux.

reuters/ptur

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