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Une victoire des Bleus ne suffirait pas à redorer la cote de François Hollande

Séance de selfies pour le président François Hollande. [Keystone - Thanassis Stavrakis]
Une victoire des Bleus ne suffirait pas à redorer la cote de François Hollande / Forum / 6 min. / le 8 juillet 2016
La qualification de la France à la finale de l'Euro a provoqué une vague d'euphorie dans le pays. Un succès dimanche face au Portugal pourrait-il profiter à la cote de popularité de François Hollande?

"Quand on pose cette question, tout le monde a en tête le précédent historique de l'équipe de France de football au moment de la Coupe du monde de 1998, où effectivement et de manière spectaculaire la cote de popularité du président de l'époque Jacques Chirac avait fortement progressé puisqu'elle avait gagné une dizaine de points entre juin et juillet 1998", relève Jérôme Fourquet, directeur du secteur opinion à l'Institut français d'opinion publique (Ifop), dans l'émission Forum.

Beaucoup prédisent un phénomène similaire pour François Hollande en cas de victoire de la France lors de la finale de l'Euro dimanche. "Les données dont on dispose nous amènent néanmoins à relativiser ces espoirs, dans la mesure où l'effet produit par la victoire de la Coupe du monde en 1998 était un phénomène relativement exceptionnel", tempère le politologue.

"Si on se base sur la victoire des Bleus lors de l'Euro en 1984 ou en 2000, donc des situations comparables à celles d'aujourd'hui, la cote de François Mitterrand (président en 1984) et de Jacques Chirac (président en 2000) était restée stable", rappelle-t-il.

L'effet Coupe du monde face à l'Euro peut être une explication. "L'autre explication tient au contexte très particulier dans lequel avait eu lieu la Coupe du monde en 1998. A l'époque la France voyait le taux de chômage fortement reculer, il y avait une croissance très importante et la victoire de cette fameuse équipe "black, blanc, beur", était venue couronner ces succès et symboliser la réussite du pays."

"Un effet momentané mais pas de rebond"

Jérôme Fourquet ne dit pas pour autant qu'un titre de champion d'Europe n'aura aucune incidence. "Il y aura peut-être un petit mouvement puisque la France a traversé une période très difficile ces derniers mois. Une victoire peut produire un petit effet momentané, mais il ne faut pas attendre un rebond aussi important qu'en 1998."

L'inverse - soit une baisse de la cote de popularité en cas de défaite - semble en revanche peu probable. "Je pense qu'il faut être assez prudent dans l'analyse. La cote de François Hollande est déjà très très basse, on est dans le baromètre Ifop à 14% de satisfaits seulement, c'est le plus bas niveau de tous les présidents de la Ve République."

La vraie victoire pour François Hollande n'est-elle pas déjà acquise sur le plan sécuritaire? "Je ne suis pas convaincu que François Hollande en tirera des bénéfices, même s'il pourra le mettre à son actif", juge Jerôme Fourquet.

"Un sondage effectué avant le début de l'Euro indiquait que deux tiers des Français estimaient comme probable la survenue d'attentats pendant la période de l'Euro. Si ce présage est écarté, c'est toujours positif, on pourra montrer que les services de sécurité ont été à la hauteur", selon lui. "Le gouvernement pourra s'empresser de se féliciter sans pour autant qu'il y ait des bénéfices à attendre en termes d'opinion."

"L'intérêt des Français pour le football est assez limité"

Jérôme Fourquet rappelle aussi que la réalité rattrapera rapidement les Français, même en cas de victoire en finale de l'Euro. "La France n'est ni l'Espagne, ni l'Italie, ni l'Allemagne ni la Grande-Bretagne, elle n'est pas une grande nation de football. Pas que nous n'ayons pas une équipe qui soit pas performante, mais l'intérêt des Français pour le football est assez limité."

Le sondeur étaye ce constat avec des chiffres. "Quand on fait des sondages, c'est à peu près un tiers des Français qui s'intéressent au football. Tout ça pour dire que cet effet d'entraînement n'est pas aussi massif. Et quand on met en regard une éventuelle victoire des Bleus face au taux de chômage, aux menaces terroristes, aux tensions sociales dans le pays, très vite les choses importantes vont revenir à leur place et les contraintes très fortes qui pèsent sur l'exécutif et sur le reste de la classe politique vont continuer de s'exercer."

lgr

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