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"Dr Frankenstein, l'Arabie saoudite, essaie de détruire son monstre"

Pierre Conesa. [Radio France]
Pierre Conesa, historien et essayiste / L'invité de la rédaction / 15 min. / le 13 janvier 2016
L'Arabie saoudite est le principal responsable du développement de l'organisation Etat islamique, a rappelé mercredi à la RTS l'historien Pierre Conesa, en appelant à ne pas s'allier avec ce pays.

"Le wahabisme saoudien est l'aile marchande de l'islam combattant. Maintenant Dr Frankenstein (l'Arabie saoudite) essaie de détruire son monstre. Et nous, on aide à tuer le monstre sans tuer l'auteur", a estimé Pierre Conesa sur La Première, au lendemain d'un attentat qui a fait dix morts à Istanbul.

>> Lire : Au moins huit des dix victimes de l'attaque d'Istanbul étaient allemandes

L'ancien haut fonctionnaire au ministère français de la Défense, qui a écrit le "Guide du petit djihadiste", a dressé quelques voies à prendre pour freiner la "crise mondialisée" créée par l'organisation Etat islamique (EI).

L'Arabie saoudite finance le salafisme

Pierre Conesa a appelé à désigner la cible, à savoir "le salafisme", et non "l'islam radicalisé", terme qui porte préjudice à une communauté. L'Arabie saoudite finance le salafisme depuis 1979 sur toute la planète, rappelle-t-il.

Ainsi, il ne faut pas s'allier "avec le pays le plus intolérant et le plus belliciste", "il faut prendre nos distances", selon lui. L'essayiste a déclaré néanmoins que les liens commerciaux pouvaient être maintenus, relevant que l'embargo s'utilise "à tort et à travers".

On ne peut pas être les gendarmes de la planète

Pierre Conesa, historien

Le djihadisme salafiste trouve racine dans le conflit séculaire entre sunnites et chiites, selon cet historien. "Le phénomène déchire actuellement sept à huit pays de la région et nous n'avons aucune légitimité d'intervenir", a-t-il poursuivi.

"On ne peut pas être les gendarmes de la planète. Et comme on le fait, on risque des attentats chez nous", a prévenu le spécialiste des questions stratégiques et militaires. "Si aujourd'hui, il existe une guerre de religion dans la région, on ne peut rien y faire", a-t-il insisté.

Le terrorisme se combat par le renseignement et par des moyens policiers, selon Pierre Conesa. "Ceux qui sont sous les bombardements se solidarisent avec ceux qui les protègent", a-t-il poursuivi.

Mettre fin aux "argumentaires propagandistes"

Depuis que la France mène des raids aériens, le nombre de départs pour la Syrie a doublé. De même, les bombardements israéliens à Gaza n'ont pas tué le Hamas, bien au contraire, a-t-il précisé. "Il faut priver le salafisme d'argumentaires propagandistes", a-t-il martelé.

Selon Pierre Conesa, tant que l'Etat hébreu poursuivra sa politique de colonisation et de construction de murs, le conflit israélo-palestinien constituera un "abcès pour toute la communauté arabo-musulmane". Rappelant que le problème dure depuis 48 ans, il a invité l'Occident à obtenir d'Israël qu'il "négocie véritablement".

bri

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