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Athènes sait dénicher des clauses cachées du FMI pour obtenir du sursis

La directrice du FMI Christine Lagarde en discussion avec le ministre espagnol de l'économie Luis de Guindos, en marge d'une réunion de l'Eurogroupe.
La directrice du FMI Christine Lagarde en discussion avec le ministre espagnol de l'économie Luis de Guindos, en marge d'une réunion de l'Eurogroupe.
Dans sa tentative désespérée d'éviter un défaut de paiement, la Grèce a su dénicher dans les textes de l'institution des clauses dont le FMI lui-même avait oublié l'existence.

La directrice générale du FMI Christine Lagarde répétait mercredi qu'un "peu plus de comportements adultes" était nécessaire dans les négociations avec la Grèce. C'est sous-estimer le regard d'enfant, capable de dénicher des trésors cachés.

Les astuces de dernière minute de la Grèce n'ont pas empêché le pays de faire défaut mardi sur sa dette vis-à-vis du Fonds, mais elles montrent qu'Athènes scrute avec soin une institution qu'elle honnit et accuse de "comportements criminels".

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Clause de regroupement des paiements

Le premier coup d'éclat grec s'est noué début juin: à court de liquidités, Athènes devait alors rembourser quelque 300 millions d'euros et entretenait le flou sur sa volonté et sa capacité à le faire. Coup de théâtre la veille de la date limite, la Grèce a fait jouer une clause lui permettant de regrouper les quatre paiements attendus en juin et d'obtenir un sursis jusqu'à la fin du mois.

L'effet de surprise était total. De hauts responsables du FMI ont confessé en privé n'avoir jamais entendu parler de cet obscur mécanisme qui n'a été utilisé qu'une seule fois, au milieu des années 1980 par la Zambie.

Report pour "une épreuve exceptionnelle"

Un scénario à peu près similaire s'est rejoué ce mardi. La Grèce n'avait alors plus que quelques heures pour rembourser 1,5 milliard d'euros au FMI, qui répétait inlassablement qu'aucun délai de paiement n'était envisageable. Mi-juin, Christine Lagarde avait elle-même clamé qu'il n'y aurait "pas de période de grâce".

Mais à quelques heures de la fin du délai, la Grèce a fait à nouveau preuve de sa fine connaissance des règles du FMI, faisant jouer une clause de la charte fondatrice du FMI, permettant à un pays de demander le report d'un remboursement pour échapper à "une épreuve exceptionnelle".

Là encore, la demande grecque prend par surprise les hautes sphères du FMI. Cette clause totalement méconnue n'a été utilisée qu'à deux reprises dans l'histoire du FMI, les deux fois en 1982, par le Nicaragua et le Guyana.

La requête n'a pour l'heure pas été approuvée par le FMI mais elle pourrait ouvrir une possible boîte de Pandore en révélant aux pays emprunteurs qu'un report est légalement envisageable.

Prochaine échéance,  Athènes doit rembourser 455 millions d'euros au FMI d'ici au 13 juillet.

>> "Il faut dire aux Grecs: trop c'est trop", selon l'économiste français Jacques Attali :

Jacques Attali aux Grecs: "trop c'est trop"
Jacques Attali aux Grecs: "Trop c'est trop!" / L'actu en vidéo / 2 min. / le 1 juillet 2015

ats/fme

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