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"La Grande muraille numérique", ou comment la Chine censure internet

Les bureaux de l'Alliance sécuritaire, organisme qui participe à la censure des contenus sur internet, Chengdu, Chine. [RTS - Raphaël Grand]
La "Grande Muraille numérique", le mur de la censure chinoise / Le Journal du matin / 4 min. / le 11 juin 2015
Le web chinois est peut-être l'un des espaces les plus surveillés au monde, soumis à la censure du Parti communiste. Découvrez le reportage de RTSinfo derrière la "Grande muraille numérique".

Les commémorations du massacre de Tiananmen la semaine passée, la colère des familles chinoises après le naufrage sur la rivière Yangtze cette semaine... Tous ces événements sont soigneusement "nettoyés"  sur l'internet chinois, a vérifié le correspondant de RTSinfo.

Facebook, Twitter ou encore Google n’existent d’ailleurs pas en Chine, bloqués par ce que les experts appellent parfois "la Grande muraille numérique".

"Nous devons examiner chaque information sur notre plateforme internet, témoigne Chen ZhaoHui, directrice d'une plateforme internet ouverte il y a trois ans, regroupant des offres d’emplois et des forums de discussion. Nos clients publient leur contenu... et nous, on vérifie."

Censeur à plein temps

A la suite de la publication par un internaute de contenus pornographiques, pour éviter une fermeture, la petite entreprise d’une dizaine de collaborateurs a été contrainte par les autorités d’engager un vérificateur de contenu - un censeur - à plein temps.

A l’échelle des grandes entreprises du web chinois, ce sont de véritables armées de soldats numériques qui, comme pour le site internet de Chen ZhaoHui, surveillent  et effacent les contenus  illégaux. "Contenu illégal": le terme englobe à la fois les messages politiques (par exemple les pétitions), les images pornographique et toute référence à des sujets interdits par le Parti communiste.

"Pour la stabilité sociale"

"Vu de l’extérieur, vous pouvez penser que l’on limite les sites étrangers et certains contenus aux citoyens chinois. Mais en terme de stabilité sociale, nos agissement sont très positifs", déclare Dai Boyang, vice-directeur de l’Alliance sécuritaire, un organisme affilié au gouvernement chinois qui surveille les contenus à l’échelle nationale.

L’Alliance supervise ainsi les millions de censeurs actifs dans les entreprises chinoises du web, en grande partie des jeunes femmes, jugées "plus appliquées". Elle est en contact permanent avec les plus grands groupes internet chinois, comme le moteur de recherche Baidu, les blogs, les réseaux sociaux…

Millions de "petites mains"

Les contenus peuvent rapidement être retirés de leurs serveurs si nécessaires. La police est également avertie.

Le nombre de personnes travaillant directement pour la police ou pour le gouvernement - des millions de "petites mains"? - reste un secret. "Dans chaque commissariat de police, il y a une équipe 'internet'. Donc, c’est difficile pour moi de vous donner un chiffre exact", esquive Dai Boyang.

Massacre de Tiananmen, corruption des dirigeants chinois, processus démocratique à Hong Kong: sur certains sujets, la Grande muraille numérique reste muette.

Raphaël Grand/kkub

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