"Nous devons demander justice pour toutes les victimes", a lancé le chef de l'opposition, Sam Rainsy. Il s'exprimait devant des centaines de Cambodgiens venus rendre hommage aux 2 millions de victimes du régime khmer rouge (1975-1979), morts d'épuisement, de famine ou à la suite de tortures et d'exécutions.
La cérémonie était organisée par son parti pour les 40 ans de la chute de Phnom Penh aux mains des Khmers rouges, le 17 avril 1975. Sam Rainsy s'est recueilli devant les crânes conservés au mémorial de Choeung Ek, du nom de ce charnier situé à la périphérie de Phnom Penh.
Rien d'officiel
Aucun représentant du gouvernement n'était présent et aucune commémoration officielle n'est prévue.
Lui-même un ancien Khmer rouge, le Premier ministre Hun Sen critique la culture du souvenir de ce drame qui a fait mourir un quart de la population. Le génocide n'a jamais été reconnu par le gouvernement.
ats/sbad
"Jour de colère" le 20 mai prochain
Seul le traditionnel "jour de la colère" sera organisé le 20 mai par l'Etat cambodgien pour rappeler aux plus jeunes le drame khmer rouge. Hun Sen, qui ne prend jamais la parole à l'occasion de cette journée, s'oppose ouvertement à tout nouveau procès.
Néanmoins, trois anciens cadres khmers rouges ont été inculpés en mars par le Tribunal spécial de Phnom Penh. Parrainé par l'ONU, cette Cour est chargée de juger les crimes de l'époque.
"Quatre années de cauchemar"
Il y a tout juste 40 ans, Phnom Penh tombait sans résistance, après cinq ans de guerre civile et de bombardements américains au Cambodge dans le cadre de la guerre du Vietnam. Les deux millions d'habitants évacuent la ville en urgence. Nombre d'entre eux meurent sur la route.
"Il y a quarante ans, Pol Pot transformait le Cambodge en enfer", témoigne Huot Huorn, en pleurs. Cette vieille dame est venue allumer de l'encens pour rendre hommage aux 36 membres de sa famille ayant péri lors de ces quatre années de cauchemar.
"Je les ai vu éclater les têtes des enfants sur des troncs d'arbres", témoigne-t-elle. Des accusations confirmées par de nombreux témoignages recueillis par le Tribunal spécial.