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Le Soudan élit son président, sans grand suspense

Les affiches des autres candidats se sont fait rare durant la campagne du général soudanais Omar el-Béchir. [EPA/MORWAN ALI]
Les affiches des autres candidats se sont fait rare durant la campagne du général soudanais Omar el-Béchir. - [EPA/MORWAN ALI]
Les Soudanais ont commencé à voter lundi pour leur prochain président. Mais Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 25 ans, est assuré d'être reconduit, l'opposition boycottant ce scrutin.

Omar el-Béchir, 71 ans, affronte 15 concurrents peu connus lors de cette élection, la 2ème multipartite organisée depuis 1989, qui se tient jusqu'à mercredi. Le scrutin ne soulevait pas l'enthousiasme dans les rues de la capitale, très calmes lundi.

Les 13,3 millions d'électeurs soudanais, pays à l'économie exsangue et miné par des rébellions armées, sont aussi appelés à choisir leurs parlementaires.

7100 bureaux ouverts

Les 7100 bureaux de vote seront ouverts dix heures durant trois jours de scrutin, qui se déroulera sous l'oeil d'observateurs de 15 organisations internationales, dont la Ligue arabe et l'Union africaine.

"Tout le monde connaît le résultat", soulignait un commerçant, Moutawakil Babikir, qui a décidé de ne pas voter.

Le général Béchir est arrivé au pouvoir en juin 1989, en renversant par un coup d'Etat un gouvernement issu d'élections démocratiques. Le Parti du Congrès national et ses alliés contrôlent depuis les rouages de l'Etat, réprimant dissidents et médias.

afp/sbad

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Pas crédible selon les Occidentaux

L'Union européenne a d'ores et déjà estimé que le scrutin ne pouvait "donner un résultat crédible et légitime" car "le dialogue est contourné, certains groupes exclus et les droits civiques et politiques violés".

La Norvège, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont aussi souligné dans un communiqué commun l'absence d'"un environnement favorable à des élections participatives et crédibles".

En 2010, la communauté internationale avait déjà critiqué le scrutin, les observateurs affirmant qu'il ne respectait pas les normes internationales.

Manifestation étudiante à Port Soudan dimanche

Jeudi, à quelques jours du vote, Khartoum a libéré deux opposants, Farouk Abou Issa et Amine Makki Madani, arrêtés en décembre après avoir signé un accord unifiant les rangs de l'opposition. Une décision visant, selon leur avocat, à alléger la pression internationale sur le régime, accusé de chercher à étouffer toute voix dissidente.

Dimanche, la police a dispersé à coups de bâtons une manifestation de quelques centaines d'étudiants mobilisés contre le scrutin, à Port Soudan (est), selon des témoins. Les protestataires scandaient notamment "le peuple veut la chute du régime".

Contexte socio-économique très difficile

Le général Béchir, qui brigue un nouveau mandat de cinq ans, a promis d'apporter "sécurité et stabilité politique et économique".

Le défi est énorme. Déjà durement affectée par l'embargo imposé par les Etats-Unis depuis 1997 en raison de violations présumées de droits de l'Homme et des liens du régime avec le terrorisme, l'économie a subi un nouveau coup dur avec l'indépendance en 2011 du Sud, qui a privé Khartoum de 75% de ses revenus pétroliers.

L'inflation est galopante et le taux de chômage supérieur à 30%.