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"L'Iran ne peut pas revenir sur les négociations"

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a abordé la question du nucléaire iranien avec son homologue iranien Mohammad-Javad Zarif (tout à droite). [Stan Honda]
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a rencontré son homologue iranien Mohammad-Javad Zarif dans le cadre de l'assemblée générale de l'ONU. - [Stan Honda]
Signes d'ouverture du régime iranien, impact des sanctions économiques et de la crise syrienne: réponses d'un spécialiste de l'Iran aux questions entourant les négociations des 15 et 16 octobre à Genève.

Depuis l'élection du nouveau président iranien Hassan Rohani en juin dernier, la situation sur le front diplomatique a rapidement évolué: un contact historique a eu lieu avec Barack Obama, l'holocauste a été reconnu et les négociations sur le nucléaire reprennent à Genève. Bernard Hourcade, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l'Iran, explique pourquoi la conjoncture actuelle pourrait permettre d'obtenir des avancées.

RTSinfo: Parmi les signes d’ouverture du régime iranien, lequel vous paraît le plus important ?

Bernard Hourcade: Le fait qu’il existe une opposition en Iran aux négociations montre que l’ouverture est prise au sérieux. La discussion politique interne est signe de maturité et de solidité. La frange opposée aux négociations est minoritaire et est représentée par Mohammad-Ali Jaafari, le chef des gardiens de la révolution. Le guide suprême Ali Khamenei a défendu que la négociation diplomatique était "héroïque".

La personnalité de Rohani a-t-elle fait avancer les choses ?

B.H.: Hassan Rohani est l’homme de la situation parce qu’il connaît bien le système, ce n’est pas un libéral, il est proche du guide suprême autour duquel un consensus national se met en place. Rohani est, contrairement à Ahmadinejad, lié et proche du guide.

Peut-on envisager un revirement de la position iranienne ?

B.H.: Rohani a conscience qu’il faut des résultats, mais il ne peut pas aller trop vite. On ne transforme pas l’Iran en quelques jours après 35 ans de tensions. Les risques d’accidents ou de sabotages existent, mais le point de non-retour a été atteint: le guide ne peut désormais plus dire "on ne négocie plus".

Quel a été l’impact des sanctions sur la reprise des négociations ?

B.H.: Alors qu’elles avaient comme but de faire tomber le régime, les sanctions l’ont renforcé. Face à l’effondrement économique la nation se sert les coudes. La crise économique a permis de créer un consensus d’unité nationale.

Pensez-vous que les négociations de Genève pourront mener à une nouvelle avancée ?

B.H.: Cela pourrait aller vite. J'estime que le dossier nucléaire pourrait être résolu en trois mois car on veut des solutions des deux côtés. Les Etats-Unis ont besoin de résultats pour pouvoir rapidement calmer les Saoudiens et les Israéliens.

La guerre en Syrie joue-t-elle un rôle sur les négociations ?

B.H.: L’Iran soutient Bachar al-Assad car il ne peut pas accepter la présence indirecte de l’Arabie Saoudite en Syrie (qui soutient les rebelles, ndlr). La continuité de la guerre pourrait bloquer la levée des sanctions contre l’Iran, car les Etats-Unis et ses alliés pourront toujours invoquer le soutien au régime syrien, même si les discussions sur le dossier nucléaire avancent.

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