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L'ancien chef du gouvernement italien Giulio Andreotti est décédé

Giulio Andreotti était surnommé l'"inoxydable" en raison de sa longévité politique. [GIUSEPPE GIGLIA]
Giulio Andreotti était surnommé l'"inoxydable" en raison de sa longévité politique. - [GIUSEPPE GIGLIA]
Giulio Andreotti est décédé lundi à l'âge de 94 ans à Rome. Sept fois président du Conseil italien, le sénateur était l'un des piliers de la politique italienne de l'après-guerre.

Giulio Andreotti, sept fois président du Conseil italien et figure emblématique de l'ex-Démocratie chrétienne, est décédé lundi à l'âge de 94 ans, à son domicile de Rome, ont annoncé les médias italiens.

Andreotti, l'un des piliers de la politique italienne de l'après-guerre, avait eu ces derniers temps des ennuis de santé et avait dû être hospitalisé en août 2012 pendant plusieurs jours pour une arythmie cardiaque.

Il était entré au Parlement en 1946, à l'occasion de l'Assemblée constituante, pour ne plus jamais le quitter. Sept fois président du conseil entre 1972 et 1992 et 21 fois ministre, Giulio Andreotti, a été durant des décennies l'homme politique le plus puissant d'Italie.

Sénateur à vie

Surnommé l'"inoxydable" en raison de sa longévité politique, mais aussi le Pape noir, Belzébuth, le Divin Giulio ou le Richelieu italien en raison de son goût pour le secret et de son esprit retors, Giulio Andreotti était sénateur à vie depuis 1991, participant régulièrement aux travaux de la chambre haute du parlement italien.

Pour cette raison, son absence ces derniers mois, à des moments cruciaux de la vie politique italienne comme l'élection du président de la République ou le vote de confiance au nouveau gouvernement, avait été notée par tous les observateurs et interprétée comme un signe de la dégradation de son état de santé.

afp/aduc

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Impliqué dans deux procès retentissants

Sa redoutable ironie lui a permis de traverser l'épreuve de deux procès retentissants pour collusion supposée avec la mafia.

Accusé d'avoir commandité à la mafia en 1979 le meurtre du trop curieux journaliste Mino Pecorelli, il est condamné après de longues années de procédure à 24 ans de prison, mais sera finalement blanchi en 2003 par la Cour de cassation.

On lui a aussi reproché son intransigeance dans l'affaire de l'enlèvement d'Aldo Moro en 1978: chef du gouvernement à l'époque, il avait refusé toute négociation avec les Brigades Rouges, qui avaient fini par tuer le dirigeant démocrate-chrétien.

La carrière de Giulio Andreotti

Catholique pratiquant, Giulio Andreotti avait commencé sa carrière dans les rangs de la Démocratie chrétienne, le grand parti centriste-catholique fondé par Alcide de Gasperi.

Ministre des Affaires étrangères du socialiste Bettino Craxi au début des années 80, il a développé une diplomatie misant sur le dialogue Est-Ouest et sur l'ouverture au monde arabe.

"Les Etats-Unis n'avaient pas confiance en lui", se souvient Sergio Romano, ancien ambassadeur d'Italie à Washington. A juste raison puisque Rome, alors qu'il est ministre des Affaires étrangères, préviendra Tripoli des bombardements américains d'avril 1986.

Nommé sénateur à vie en 1991 - une fonction réservée aux anciens présidents de la République et à quelques grandes personnalités politiques et intellectuelles - il a pu survivre à la disparition de la Démocratie chrétienne dont il était pourtant devenu la parfaite incarnation.