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L'armée algérienne encercle encore l'usine du complexe gazier

Le groupe qui se fait appeler les "Signataires par le sang" a revendiqué la prise d'otages du site gazier algérien de Tiguentourine. [AFP - KJETIL ALSVIK]
Le groupe qui se fait appeler les "Signataires par le sang" a revendiqué la prise d'otages du site gazier algérien de Tiguentourine. - [AFP - KJETIL ALSVIK]
L'assaut donné jeudi par l'armée algérienne contre une partie des preneurs d'otages du site gazier de Tiguentourine a pris fin jeudi soir. Trente otages auraient été tués, a annoncé une source de la sécurité algérienne. Les opérations de l'armée ne sont pas encore terminées.

L'armée algérienne a mis fin en soirée à la prise d'otages d'une partie du site gazier de Tiguentourine, a annoncé l'agence de presse algérienne officielle APS.

L'assaut mené par les forces spéciales de l'armée algérienne pour libérer les otages jeudi d'un groupe islamiste sur un site gazier du centre-est de l'Algérie, n'a permis dans un premier temps que de contrôler une partie du complexe.

Des sources de la préfecture régionale d'Illizi avaient d'abord annoncé la fin de l'assaut. Elles ont précisé par la suite que seul "le site de vie", où se trouvait la majorité des otages, était neutralisé tandis que les forces de sécurité encerclaient encore l'usine du complexe, situé à quelque 1300 km au sud-est d'Alger.

Seuls des bilans partiels des victimes de l'assaut et des personnes libérées ont été fournis officiellement.

Chef du commando parmi les morts

Trente otages auraient été tués lors de cet assaut, a annoncé une source de la sécurité algérienne. Parmi les tués figureraient au moins sept ressortissants étrangers.

Selon cette source, huit Algériens, deux Japonais, deux Britanniques et un Français figurent parmi les otages tués. La nationalité des autres victimes dans les rangs des otages n'est pas claire pour le moment.

Toujours d'après cette source de la sécurité algérienne, onze djihadistes au moins, dont un ressortissant français, ont également trouvé la mort lors de l'opération. Dans ce groupe figurent deux Algériens, dont le chef du commando djihadiste, Abou al-Baraa, de même que trois Egyptiens, deux Tunisiens, deux Libyens et un Malien.

Le commando islamiste détenait quelque 40 étrangers depuis plus de 24 heures.

Groupe islamiste venu de Libye

Le groupe qui se fait appeler les "Signataires par le sang" a revendiqué la prise d'otages, dans un communiqué publié par le site mauritanien Alakhbar. C'est le nom que l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, récemment destitué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a donné à son unité combattante.

L'une des rares images de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, ancien responsable d'Al Qaïda au Maghreb islamique et soupçonné d'être l'instigateur de la prise d'otages survenue mercredi.
L'une des rares images de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, ancien responsable d'Al Qaïda au Maghreb islamique et soupçonné d'être l'instigateur de la prise d'otages survenue mercredi.

Ce groupe venait de Libye, a annoncé jeudi soir le ministre de l'Intérieur algérien. "Selon toutes les informations que nous avons, le groupe terroriste qui a attaqué le site pétrolier à In Aménas est venu de Libye", a déclaré le ministre à Echorouk en ligne, quotidien arabophone algérien. Il avait déclaré la veille que ce groupe venait des environs.

Le groupe a rendu l'Algérie, qui a autorisé le survol de son territoire aux avions français se rendant au Mali, "et les pays (d'origine) des otages, responsables de tout retard dans l'accomplissement de nos conditions, dont la première est l'arrêt de cette agression contre les nôtres au Mali".

>> Lire : Déploiement de la force ouest-africaine au Mali

Le groupe pétrolier britannique BP qui exploite le site de la prise d'otages a annoncé jeudi dans l'après-midi l'évacuation de ses "travailleurs non-essentiels" d'Algérie.

agences/vkiss/lgr

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L'Algérie se justifie

L'Algérie a justifié jeudi soir l'intervention de son armée pour mettre fin à la spectaculaire prise d'otages sur le site gazier, mais plusieurs puissances occidentales dont des ressortissants y étaient détenus par un commando islamiste se sont inquiétées d'un bilan potentiellement lourd.

Le ministre algérien de la Communication a justifié le lancement de l'opération militaire en accusant de "jusqu'au-boutistes" les islamistes "lourdement armés" qui ont manifesté une "volonté clairement affichée de quitter l'Algérie en emportant avec eux les otages étrangers" pour s'en servir plus tard comme "carte de chantage".

L'opération a permis de "libérer jusqu'à présent plusieurs otages nationaux et étrangers", a déclaré le ministre. "Un nombre important de terroristes qui ont essayé de prendre la fuite vers un pays limitrophe ont été neutralisés", a-t-il ajouté.

"dénouement dramatique", selon François Hollande

Tokyo a appelé Alger à cesser immédiatement son opération, alors que Washington a exprimé son inquiétude.

François Hollande a, lui, souligné que la prise d'otage semblait se dénouer "dans des conditions dramatiques". Quant au Premier ministre britannique David Cameron, il a reporté sine die un discours-clef sur l'Union européenne prévu vendredi à Amsterdam, en prévenant ses concitoyens qu'ils devaient se préparer à de "mauvaises nouvelles".

"Une opération qui nécessite une longue préparation"

L'ancien chef du contre-espionnage français Yves Bonnet a pour sa part estimé jeudi qu'il n'y avait pas de lien entre l'intervention de l'armée française au Mali et la prise d'otages en cours dans un complexe gazier en Algérie.

Prié de dire s'il avait été surpris par l'attaque revendiquée par le groupuscule issu d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), l'ancien patron de la DST a répondu: "Pour être honnête, oui".

"Parce que c'est une opération d'envergure, qui est spectaculaire, et qui surtout nécessite une longue préparation parce que les déplacements dans le désert sont assez difficiles à faire", a-t-il dit sur Europe 1.

"Que les choses aient été un peu accélérées à cause de l'intervention française au Mali, c'est tout à fait possible mais dans tous les cas, c'est une opération qui de toute façon se serait déroulée", a-t-il conclu.