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La droite israélienne débat de l'annexion de la Cisjordanie

En Israël, la gauche serait plutôt favorable à un dialogue avec le président palestinien Mahmoud Abbas, comme le revendiquaient ces manifestants le 5 novembre dernier à Tel-Aviv. [JACK GUEZ]
En Israël, la gauche serait plutôt favorable à un dialogue avec le président palestinien Mahmoud Abbas, comme le revendiquaient ces manifestants le 5 novembre dernier à Tel-Aviv. - [JACK GUEZ]
L'annexion de la Cisjordanie, envisagée par trois partis de la droite israélienne, s'installe au coeur des débats en pleine campagne pour les élections législatives.

Trois partis de la droite israélienne, dont le Likoud de Benjamin Netanyahu, envisagent l'annexion de la Cisjordanie, un mois à peine après le vote de l'ONU pour un Etat de Palestine sur la base des lignes de 1967. Ils espèrent que ce sujet sera "à l'ordre du jour" du gouvernement issu des élections du 22 janvier.

"Nous n'avons pas de partenaires côté palestinien pour faire la paix alors il faut réfléchir à une alternative", a dit à l'AFP le ministre de l'Information Youli Edelstein, en marge d'un colloque sur ce sujet organisé mardi soir à Jérusalem. Des candidats des trois partis ont participé à cette réunion devant un public de 600 personnes, en majorité des colons de Cisjordanie.

Quatre candidats du Likoud ont pris la parole pour défendre ce programme lors du colloque qui a abordé "les conséquences de l'application de la souveraineté israélienne en Cisjordanie sur la communauté internationale", "les réactions du monde arabe à l'annexion" et "le statut des Arabes de Judée-Samarie après l'annexion".

"Personne n'en parlait il y a cinq ans"

Ces thèmes, qui n'intéressaient qu'une frange minoritaire de l'extrême-droite, attirent dans cette campagne l'électorat du Likoud et du Foyer juif, le parti nationaliste religieux, deux formations qui n'ont jamais évoqué cette question dans leur programme. "Personne n'en parlait il y a cinq ans et maintenant, ça peut devenir un sujet de débat à la prochaine session parlementaire", se félicite Yehouda Glick, l'un des organisateurs.

Naftali Bennett, le nouveau dirigeant du Foyer juif, diffuse sur les réseaux sociaux et sur internet un "Plan Bennett", consistant à annexer la zone C de Cisjordanie, soit plus de 60% de ce territoire palestinien occupé, où Israël maintient son contrôle militaire et civil.

A l'extrême-droite, le parti Otzma Leisraël veut annexer toute la Cisjordanie. "Nous présenterons une proposition de projet de loi d'annexion de toute la Judée-Samarie et de la vallée du Jourdain à la prochaine Knesset", explique sa tête de liste Arié Eldad.

Selon les organisateurs du meeting, 73% des personnes qui votent pour l'un de ces trois partis sont en faveur de l'annexion.

agences/jgal

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L'enjeu du vote des colons

Le vote des quelque 340'000 colons est devenu un enjeu politique de cette campagne électorale, qui devrait se jouer à droite.

Selon une enquête du Foyer juif, la majorité des colons voterait pour lui, alors qu'en 2009, le Likoud avait obtenu le plus grand nombre de voix dans les implantations de Cisjordanie. A deux semaines des élections, plusieurs députés du Likoud pressent Benjamin Netanyahu d'adopter le "rapport Lévy" sur la colonisation afin d'endiguer la perte d'électeurs au profit de partis encore plus à droite.

Ce rapport remis en juillet propose de légaliser les colonies sauvages et de lever les obstacles juridiques à l'extension des autres implantations, au motif qu'Israël ne serait pas une "puissance militaire occupante" et que le droit international n'interdirait pas la colonisation, un avis contraire à celui de la communauté internationale.

Tout soulèvement palestinien étouffé

Face à la multiplication des incidents en Cisjordanie, Israël intensifie les arrestations de suspects palestiniens pour tenter d'empêcher que ces heurts localisés ne dégénèrent en troisième Intifada. Cette nouvelle politique "a débuté ces derniers jours et va être renforcée", a ajouté ce responsable, qui a requis l'anonymat.

Mais sur le terrain, cette stratégie peut au contraire attiser les tensions. Par deux fois cette semaine dans le nord de la Cisjordanie, mardi et jeudi, des membres des forces spéciales israéliennes en mission d'arrestation de suspects palestiniens ont essuyé les jets de pierres d'une foule en colère.

Pour se dégager, les soldats ont tiré des balles caoutchoutées et des gaz lacrymogènes, voire des balles réelles, selon des sources de sécurité palestiniennes, blessant des dizaines de protestataires.