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Salam Fayyad: "Il n'y aura jamais d'Etat palestinien sans Jérusalem-Est"

Le premier ministre palestinien Salam Fayyad dirige le gouvernement palestinien depuis quatre ans (ici en 2007, à l'Assemblée générale de l'ONU). [Seth Wenig]
Interview de Salam Fayyad, Premier ministre de l’Autorité palestinienne / Le Journal du matin / 3 min. / le 12 décembre 2012
Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad pose les conditions d'un futur Etat palestinien et déplore qu'Israël relègue le conflit israélo-palestinien au second rang. L'envoyé spécial de RTSinfo Nicolas Vultier l'a rencontré à Bagdad à l'occasion d'une réunion de la Ligue arabe.

Perçu comme un politicien pragmatique et modéré, le Premier ministre palestinien est pour deux jours à Bagdad, à l'occasion d'une réunion des pays arabes autour de la question des prisonniers palestiniens détenus par Israël (lire ci-contre). Dans l'interview accordée à l'envoyé spécial de RTSinfo, Salam Fayyad revient sur l'entrée de la Palestine comme membre observateur des Nations Unies. "Un premier pas seulement", dit-il. Et le début d'un processus qui finira inéluctablement, selon lui, par la création d'un Etat palestinien.

Dans l'immédiat, l'Autorité palestinienne doit gérer les premières mesures de rétorsion israéliennes: l'annonce de l'extension des colonies à Jérusalem-Est et le gel des taxes palestiniennes perçues par les Israéliens - un manque à gagner d'environ 90 millions de francs par mois.

Une annonce qui n'a pas surpris le Premier ministre palestinien: "On avait déjà alerté la communauté internationale, on savait qu'Israël allait prendre des mesures punitives contraires au droit international. Leur objectif, c'est de nous punir, alors que nous demandons simplement que l'on respecte nos droits." Et de rappeler que cet argent appartient aux Palestiniens, qu'il est nécessaire à chaque citoyen palestinien et à la bonne marche de l'économie palestinienne.

Israël relègue la question palestinienne au second rang

Alors que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a toutes les chances de sortir vainqueur des prochaines élections législatives de janvier 2013 et qu'une coalition très marquée à droite pourrait diriger le pays, le Premier ministre palestinien constate surtout un désintérêt croissant, côté israélien, pour la résolution du conflit.

"Ce que l'on a remarqué ces dernières années, c'est que le conflit israélo-palestinien n'est plus en tête de l'agenda politique israélien. Il est au second rang dans les campagnes électorales. Le résultat c'est que pour le gouvernement israélien, ce dossier n'est plus prioritaire. Le cabinet actuel n'a jamais montré de réel engagement pour la paix, il n'a jamais sérieusement travaillé pour la paix, rien ne devrait donc vraiment changer", déplore Salam Fayyad.

"Il n'y aura pas d'Etat palestinien sans Jérusalem-Est"

Autre dossier en souffrance, les rapports avec le Hamas, qui dirige Gaza. La visite triomphale du leader en exil Khaled Mechaal, la semaine dernière, montre que le mouvement tient bien les rênes du pouvoir sur place. Mais pour Salam Fayyad, la réconciliation entre Palestiniens est essentielle pour arriver à la création d'un Etat crédible: "On ne peut simplement pas réaliser notre rêve d'un Etat palestinien sur les territoires occupés depuis 1967 sans y intégrer la Bande de Gaza. Il n'y aura jamais d'Etat palestinien sans Jérusalem-Est comme capitale, il n'y aura jamais d'Etat palestinien sans Gaza."

Quant au dialogue avec le Hamas, Salam Fayyad précise qu'il existe toujours, même après quelques méchants coups de frein. Mais au-delà des mots rassurants, personne aujourd'hui ne sait vraiment comment réconcilier une Autorité palestinienne affaiblie et un Hamas conquérant.

Nicolas Vultier/oang

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La Ligue arabe au chevet des prisonniers palestiniens

Réunis mardi et mercredi à Bagdad, les membres de la Ligue Arabe veulent remettre le dossier des prisonniers palestiniens incarcérés en Israël à l’ordre du jour.

Pour le ministre palestinien des Détenus, Issa Karake, il faut absolument parler du sort des 4600 prisonniers palestiniens. Le plus jeune est âgé de 12 ans, le plus âgé a 73 ans. Et selon le ministre, leurs droits sont régulièrement bafoués par Israël. Privés de visite, parfois maltraités, souvent mal soignés, les détenus seraient dans leur majorité incarcérés arbitrairement. Pour Issa Karake, il est donc essentiel d’améliorer leur situation et de les faire sortir de l’anonymat.