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Le principal suspect en Suisse se défend dans l'affaire de blanchiment

Vue de la ville de Genève et de son jet d'eau, photographiés depuis l'Hotel Intercontinental. [Martial Trezzini]
Selon ses propos rapportés au quotidien Le Temps par son avocate, le principal suspect en Suisse ignorait l'existence d'un trafic de drogue. - [Martial Trezzini]
Suite à la vaste opération franco-genevoise menée mercredi dernier contre un important réseau de blanchiment de l'argent de la drogue, le principal suspect en Suisse déclare ignorer le trafic de cannabis et soutient que l'argent était destiné à des dons.

L'avocate du principal suspect, côté Suisse, dans un vaste réseau de blanchiment d'argent de la drogue poursuivi simultanément à Paris et Genève, a affirmé au journal Le Temps que son client "soutient que l'argent remis en liquide à ses clients parisiens a été récolté auprès des communautés israélites de France" pour des dons.

Ces communautés "souhaitaient faire des dons à diverses personnes ou écoles religieuses", a affirmé le gestionnaire de fortune, un Suisse d'origine marocaine, selon ses propos rapportés au Temps par Me Josiane Stickel-Cicurel, son avocate.  "Il n'a jamais été au courant d'un quelconque trafic de cannabis", a-t-elle ajouté.

Il a assuré que cet argent, destiné à ses clients qui souhaitaient échapper au fisc français, provenait de dons récoltés par son frère, résidant à Paris et mis en examen par la justice française. "C'est du moins ce qu'il dit avoir cru", ajoute Le Temps.

L'élue écologiste ne démissionnera pas

L'élue écologiste mise en examen dans le cadre de la même enquête s'est retirée de sa délégation sur l'environnement dans le XIIIe arrondissement de Paris, mais ne démissionnera pas de son mandat, a annoncé lundi son avocat.

Plusieurs socialistes, parmi lesquels le maire de Paris Bertrand Delanoë avaient demandé son retrait de l'exécutif de l'arrondissement. "Elle n'a pas démissionné, elle s'est retirée de sa délégation (...) elle ne démissionnera pas", a déclaré l'avocat sur Canal +.

100 millions d'euros blanchis

Le vaste réseau franco-suisse blanchissait de l'argent de la drogue pour une somme estimée au total à 100 millions d'euros, a annoncé lundi le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls.

"Plusieurs tonnes de cannabis ont été mises au jour, cela représente une quarantaine de millions d'euros. Et on a pu découvrir aussi ce réseau de blanchiment d'argent qui est lié au réseau de trafiquants de drogue, pour une somme sans doute autour de 100 millions d'euros", a déclaré le ministre à la presse à Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, dans l'est de la France.

Au total, 19 personnes ont été mises en examen dans cette affaire en France et en Suisse, dont neuf sont sous les verrous.

Le réseau de blanchiment est lié à un trafic de drogue entre le Maroc, l'Espagne et la région parisienne. L'enquête a fait apparaître que le réseau avait importé plus de huit tonnes de cannabis.

agences/aduc

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Commentaires journalistiques sous la loupe

Dès l'annonce des poursuites judiciaires, en France et en Suisse, la Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation (Cicad), une association suisse, avait dénoncé dans un communiqué les références dans plusieurs médias helvètes à l'appartenance religieuse des suspects, présentés comme "appartenant à la communauté juive marocaine".

"C'est avec une inquiétude légitime que la Cicad prend connaissance de ces commentaires journalistiques dont la seule répercussion est la stigmatisation de l'ensemble d'une communauté", avait indiqué vendredi l'association, se réservant la possibilité de suites judiciaires.

"La presse fait son travail quand elle reprend les propos de l'avocate", a estimé lundi pour l'AFP Johanne Gurfinkiel, secrétaire général de la Cicad. Il souligne que dans des articles antérieurs "cette mise en avant de la religion par la presse a suscité un grand émoi dans la communauté juive qui se sent stigmatisée". "Quand il y a d'autres affaires similaires on ne cite pas l'appartenance religieuse" des suspects, a-t-il poursuivi.

L'adjointe au maire du XIIIe arrondissement inculpée

Parmi les personnes mises en examen samedi soir, figure l'adjointe au maire du XIIIe arrondissement de Paris. Elle a été inculpée pour "blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs" après la saisie de 350'000 euros (423'129 francs) dans des coffres lui appartenant. Elle plaide son innocence.

L'avocat de l'accusée a déclaré qu'elle contestait les accusations. Les sommes découvertes relevaient d'un héritage familial qu'elle a fait rapatrier de Suisse via un intermédiaire, selon lui.

"Si l'on devait lui reprocher quelque chose, ce serait tout au plus le fait de ne pas avoir déclaré ces 350'000 euros au fisc", a-t-il dit au Parisien. Lundi, le défenseur a évoqué sur Canal + une "problématique fiscale", éloignée de toute question de blanchiment.