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Des ambassades françaises fermées suite aux caricatures de Mahomet

A Paris, la sécurité a été renforcée autour de l'immeuble abritant la rédaction de Charlie Hebdo.
A Paris, la sécurité a été renforcée autour de l'immeuble abritant la rédaction de Charlie Hebdo.
Suite à la publication par Charlie Hebdo de caricatures de Mahomet, les autorités françaises ont pris des mesures de sécurité. Des ambassades, consulats et écoles françaises seront fermées vendredi dans une vingtaine de pays musulmans.

La France a pris mercredi des mesures de sécurité anticipant un possible regain de colère de musulmans après la publication par un l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo de caricatures de Mahomet.  Une plainte a été déposée au parquet de Paris contre le journal pour "provocation à la haine".

Les craintes se concentrent sur vendredi, journée de prière dans les pays musulmans et qui pourrait donner lieu à une mobilisation accrue contre l'Occident. La vague de violences déclenchée par le film américain dénigrant le prophète Mahomet intitulé "L'Innocence des musulmans", a fait une trentaine de morts depuis une semaine dans le monde arabo-musulman.

Ambassades fermées

Le Quai d'Orsay a annoncé la fermeture vendredi des ambassades, consulats et écoles françaises dans une vingtaine de pays musulmans, même s'il n'y a pas de "menace avérée sur un quelconque établissement".  Une manifestation contre le film islamophobe devant l'ambassade des Etats-Unis prévue samedi à Paris a aussi été interdite.

La sécurité autour de l'ambassade de France au Liban a été renforcée. [KEYSTONE - Bilal Hussein]
La sécurité autour de l'ambassade de France au Liban a été renforcée. [KEYSTONE - Bilal Hussein]

Dès mercredi les autorités yéménites ont renforcé la sécurité autour de l'ambassade de France à Sanaa, tandis que la dizaine d'établissements scolaires français de Tunisie étaient fermés à la mi-journée. Au Caire, une dizaine de fourgons de la police égyptienne étaient stationnés autour de l'ambassade de France. Ecoles et centres culturels français dans le pays devaient fermer dès jeudi.

A Paris, la sécurité a été renforcée autour de l'immeuble abritant la rédaction de Charlie Hebdo, victime d'un incendie criminel en novembre 2011 après la publication de dessins représentant Mahomet.

Calme relatif

Des manifestations se sont encore tenues jeudi à Kaboul et Téhéran contre le film anti-islam et la publication de caricatures de Mahomet en France. Quelques centaines d'Afghans se sont rassemblés sans violence pour protester à la fois contre le film "L'Innocence des musulmans" produit aux Etats-Unis et contre la publication par l'hebdomadaire français Charlie Hebdo de dessins représentant le prophète Mahomet. Environ 300 étudiants ont scandé "Mort à la France, mort aux Etats-Unis" dans une banlieue de la capitale afghane. Dans un secteur avoisinant, des centaines d'autres manifestants criaient "Mort aux Etats-Unis", "Longue vie à l'islam, longue vie à l'Afghanistan".

Les manifestations provoquées par la diffusion du film ont fait une trentaine de morts depuis un peu plus d'une semaine. Elles semblaient marquer le pas jeudi en début de journée.

afp/char

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Réactions en France

Les autorités françaises ont insisté mercredi sur le droit à la liberté de la presse tout en appelant "chacun à la responsabilité".

"La liberté d'expression c'est un droit fondamental, la liberté de caricature fait partie de ce droit fondamental", a relevé le ministre de l'Intérieur Manuel Valls tandis que son homologue aux Affaires étrangères Laurent Fabius jugeait que ces caricatures jetaient de "l'huile sur le feu".

Tout en condamnant des "dessins insultants à l'égard du prophète", les organisations musulmanes ont appelé à ne pas céder à la "provocation". Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a annoncé "la lecture d'un message" d'apaisement au cours de la prière vendredi.  

Réactions à l'étranger

Al-Azhar, la plus haute autorité de l'islam sunnite, dont le siège est au Caire, a condamné ces caricatures "portant atteinte à l'islam et à son prophète", et les islamistes d'Ennahda au pouvoir en Tunisie ont estimé que les musulmans avaient "le droit de protester" après "cette nouvelle attaque contre la personne du Prophète".

La Maison blanche a mis en doute le bien-fondé de la décision de Charlie Hebdo de publier ces caricatures. "Nous nous posons des questions sur le jugement qui a conduit à publier de telles choses", a déclaré le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney, tout en jugeant que cela ne pouvait justifer "en aucun cas la violence".

A Rome, l'Osservatore romano, quotidien du Vatican, a dénoncé "de l'huile sur le feu" qui risque "d'ouvrir un nouveau front de protestation".