L'armée syrienne attaque plusieurs villes avant le cessez-le-feu
L'armée syrienne a lancé un assaut sur plusieurs villes du pays jeudi, a indiqué l'opposition. Ces offensives interviennent à cinq jours d'un cessez-le-feu et alors que le CICR vient d'obtenir le droit de visiter les prisons.
Les violences se poursuivent en Syrie alors que le régime de Damas est censé appliquer d'ici au 10 avril le plan de paix de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan. Plusieurs villes du pays ont été prises d'assaut jeudi, selon l'opposition. Au moins 38 personnes, dont 18 civils, ont été tuées.
Les forces gouvernementales ont attaqué la ville de Douma avec des chars et des blindés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). De violents accrochages ont alors éclaté dans plusieurs quartiers et des colonnes de fumée étaient visibles près d'une mosquée de cette ville de 100'000 habitants située à une dizaine de kilomètres de Damas.
Assauts dans le nord
A Hraytan (nord), Mohammed Abu Nasr, un militant, a rapporté que la ville de 50'000 habitants était soumise depuis cinq heures du matin, heure locale, à d'intenses bombardements par des chars et des hélicoptères. Une offensive terrestre a démarré trois heures plus tard, et plusieurs centaines de soldats avancent dans la ville. Des appels ont été lancés via des hauts-parleurs aux soldats pour faire défection, d'après l'OSDH.
L'observatoire syrien des droits de l'Homme a précisé que des affrontements avaient éclaté entre soldats et déserteurs à Anadan, près d'Alep (nord). Des combats ont également été signalés à Kfar Shams (sud). Deux jeunes hommes ont été dans la capitale, selon une ONG syrienne.
Les violences ont fait près de 170 morts depuis lundi, le jour où l'ONU a annoncé que Damas avait promis d'appliquer "immédiatement" le plan de l'émissaire international Kofi Annan visant à mettre fin aux violences et préconisant notamment le retrait des chars de l'armée.
A lire: Quelque 80 morts en Syrie mardi dans des tirs à la mitrailleuse
afp/bri
Publié
Le CICR pourra visiter les prisons
Le Comité international de la Croix- Rouge (CICR) a reçu le feu vert des autorités de Damas pour étendre ses opérations en Syrie, a déclaré jeudi le président du CICR au terme de sa visite dans le pays. Il pourra notamment visiter à nouveau les prisons, dont l'accès était bloqué depuis septembre.
"Cela signifie que nous aurons à augmenter rapidement nos ressources humaines et nos capacités logistiques en Syrie", a souligné Jakob Kellenberger dans un communiqué.
Le CICR pourra aussi requérir des trêves dans des zones précises afin d'évacuer les blessés et fournir des vivres.
L'ONU entérine l'échéance au 10 avril
Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est mis d'accord sur une déclaration qui demande à Damas de respecter l'échéance du 10 avril pour cesser ses principales opérations militaires. Le texte demande aussi à l'opposition d'en faire de même au plus tard le 12 avril.
Kofi Annan, émissaire spécial de l'ONU et la Ligue arabe sur la Syrie, s'attend à ce que le gouvernement syrien et l'opposition mettent en place un cessez-le-feu complet dans les 48 heures après le 10 avril.
Selon le porte-parole de l'émissaire, "les Syriens disent avoir commencé à retirer des troupes de certaines zones". "Nous sommes en train de vérifier" ces indications, a-t-il expliqué en conférence de presse.
Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a déclaré jeudi qu'il n'était "pas optimiste" quant à l'application par le régime syrien du plan de l'émissaire spécial de l'ONU.
Plus de 2300 réfugiés en Turquie
Plus de 23000 réfugiés syriens sont entrés en Turquie en 24 heures, plus du double des arrivées enregistrées en une seule journée depuis le déclenchement de la révolte en Syrie, a indiqué jeudi une source officielle turque. L'arrivée de ces 2350 réfugiés qui fuient les violences dans leur pays porte à plus de 22'000 le nombre de Syriens actuellement hébergés en Turquie, a-t-on souligné de même source.
Ils ont été pris en charge par les forces de sécurité turques à Reyhanli, petite ville située à proximité de la frontière commune, et orientés vers des camps de réfugiés.
La Turquie a installé huit camps de toile et un camp de maisons préfabriquées dans trois provinces situées à la frontière avec la Syrie, le nombre des arrivants s'accroissant de jour en jour du fait des combats et ratissages des forces régulières qui se poursuivent dans le nord de la Syrie, notamment dans la zone d'Idleb.