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Les chrétiens d'Egypte célébrent un Noël copte tendu

Des soldats montent la garde devant la cathédrale d'Abbaseya, au Caire, durant la veillée de Noël. [Khaled Elfiqi]
Des soldats montent la garde devant la cathédrale d'Abbaseya, au Caire, durant la veillée de Noël. - [Khaled Elfiqi]
Les chrétiens d'Egypte célébraient samedi le Noël copte dans un climat marqué par les violences contre leur communauté au cours de l'année écoulée et les craintes face à la domination des islamistes aux élections.

"Les chrétiens ne se sentent pas en sécurité. Ils pensaient que la révolution allait changer les choses, que nous allions vers des temps meilleurs, mais c'est l'inverse", affirmait une fidèle, Soher Hana, à la sortie d'une église du Caire. Dès vendredi, un dispositif de sécurité renforcé a été mis en place aux abords des églises pour la traditionnelle messe de minuit qui précède le jour de Noël copte, le 7 janvier, ont annoncé les autorités.

Menace islamiste

De nombreux officiels et responsables politiques se sont rendus vendredi soir à la cathédrale d'Abbaseya, au Caire, pour la veillée de Noël célébrée par le patriarche de l'église copte orthodoxe Chenouda III. Le numéro 2 du Conseil suprême des forces armées (CSFA), Sami Anan, et une dizaine d'autres généraux de cette instance qui dirige le pays depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011 étaient présents.

Dans son homélie, le patriarche de l'église copte orthodoxe Chenouda III a salué le rôle des forces armées égyptiennes dans la révolution. [KEYSTONE - Maya Alleruzzo]
Dans son homélie, le patriarche de l'église copte orthodoxe Chenouda III a salué le rôle des forces armées égyptiennes dans la révolution. [KEYSTONE - Maya Alleruzzo]

Les Frères musulmans ont également dépêché une délégation comprenant le chef de leur formation, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), Mohammad Moursi, qui a présenté ses voeux au patriarche sans toutefois assister à la messe. Les Frères musulmans, autrefois confinés dans la semi-clandestinité, ont réalisé quelque 36% des voix au élections législatives en cours, ce qui en fait le premier mouvement politique égyptien.

La puissante confrérie a multiplié les déclarations rassurantes à l'égard de la minorité copte, et a appelé ses militants à participer à la protection des églises dans cette période sensible. Mais les Coptes - qui représentent 6 à 10% des quelque 82 millions d'Egyptiens - demeurent aussi inquiets face à la poussée inattendue du mouvement sunnite ultra-conservateur salafiste, qui a obtenu jusqu'à présent 20 à 25% des voix.

"Les Frères musulmans cherchent d'une certaine manière à faire des déclarations équilibrées, mais les propos des salafistes affirmant que les chrétiens sont des infidèles ou qu'ils ne peuvent pas avoir de fonctions officielles nous font peur", affirme Fayez Abdo, un autre fidèle. Chenouda III a estimé dans son homélie que "l'Egypte traverse une période transitoire critique mais nous sommes sûrs que nous allons le faire dans la paix". Il a également salué le rôle des forces armées, "qui ont fait des sacrifices pour le bien de l'Egypte et de son peuple".

Violences contre les Coptes

Pourtant, en octobre dernier la répression par l'armée d'une manifestation de militants coptes au Caire avait fait 25 morts, dont une majorité de chrétiens, renforçant le sentiment de précarité et de discrimination largement répandu dans cette communauté (lire: Egypte). Les violences contre les chrétiens d'Egypte ont été dominées en janvier 2010 par un attentat à la sortie d'une messe de Noël en Haute-Egypte au cours duquel 6 Coptes ont été tués, ainsi qu'un garde musulman.

Une dizaine de généraux du Conseil suprême des forces armées ont assisté à la messe de minuit. [KEYSTONE - Maya Alleruzzo]
Une dizaine de généraux du Conseil suprême des forces armées ont assisté à la messe de minuit. [KEYSTONE - Maya Alleruzzo]

Un an plus tard, la nuit du nouvel an avait été ensanglantée par un attentat contre une église d'Alexandrie (nord), qui avait fait une vingtaine de morts parmi les fidèles. De nombreuses violences ont également eu lieu depuis la chute d’Hosni Moubarak. Début mai, des affrontements entre musulmans et Coptes ont fait douze morts et plus de 200 blessés dans le quartier populaire d'Imbaba au Caire.

A l’occasion du Noël copte, le président des Etats-Unis Barack Obama a insisté vendredi sur la "protection des minorités chrétiennes et d'autres religions", citant en particulier le cas de l'Egypte, où les Coptes représentent la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient. En France, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, chargé des cultes, a fait un geste envers cette communauté en assistant à une messe de veillée de Noël dans une église copte de la région parisienne.

afp/bkel

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La Russie s’inquiète du sort réservé à Moubarak

La Russie a exprimé sa préoccupation samedi après la peine de mort requise cette semaine par des procureurs égyptiens contre l'ex-président Hosni Moubarak.

Tout en insistant sur le fait que la Russie respectait le procès en cours de l'ancien président, le ministère des Affaires étrangères a estimé que des facteurs humanitaires devraient être pris en compte dans la future condamnation.

"Nous pensons qu'il est possible de prendre en compte des considérations humanitaires dans l'affaire Hosni Moubarak. Après tout, nous sommes en train de parler de quelqu'un qui a 83 ans et qui est gravement malade, selon les informations dont nous disposons".

"De plus, en tant que figure politique, il a pris la décision en février dernier d'abandonner le pouvoir, ce qui a été significatif pour empêcher des morts supplémentaires d'innocents" La peine capitale requise contre l'ex-président égyptien vient satisfaire les demandes de l'opinion publique égyptienne mais semble s'appuyer sur des preuves fragiles de son rôle dans la répression, estiment des avocats.

"Il y a peu de preuves, d'un point de vue légal, incriminant (Hosni) Moubarak", accusé du meurtre de manifestants durant la révolte qui l'a chassé du pouvoir en février 2011, selon Me Gamal Eid, un avocat représentant les familles des personnes tuées pendant la révolution.