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Turquie: plus de 30 villageois kurdes tués

L'armée turque fait face depuis l'été à une flambée de violence des rebelles du PKK. [EPA/STR]
L'armée turque fait face depuis l'été à une flambée de violence des rebelles du PKK. - [EPA/STR]
Trente cinq villageois kurdes ont été tués mercredi soir à la frontière turco-irakienne lors de raids aériens et l'armée turque. Celle-ci n'admet pas de bavure et a annoncé que son opération visait des séparatistes kurdes qui tentaient de s'infiltrer en Turquie.

Le gouvernorat de la province turque de Sirnak (sud-est) qui est située géographiquement en face de la zone irakienne où se sont produits les faits, a fait état de 35 morts et un blessé. Une enquête est en cours, ajoute le texte.

L'armée turque a annoncé que les bombardements avaient visé des rebelles du Parti de travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit). "La zone où se sont produits les faits est celle de Sinat-Haftanin, située dans le nord de l'Irak, qui n'abrite pas de population civile et où se trouvent des bases de l'organisation terroriste", c'est-à-dire le PKK, a indiqué l'état-major des armées dans un communiqué en ligne.

Possible bavure

Les chasseurs turcs ont pilonné cette zone "utilisée régulièrement" par les rebelles après que des drones eurent signalé dans la nuit "un mouvement vers notre frontière", précise l'armée. Les médias et des élus kurdes ont quant à eux évoqué une possible bavure de l'armée qui a confondu des contrebandiers avec des séparatistes kurdes.

Un élu local de Sirnak, Ertan Eris, membre du Parti pour la paix et la démocratie (BDP, pro-kurde), avait fait état auparavant d'un bilan de 23 villageois tués. Ces corps ont été recensés dans le village d'Ortasu, proche de la frontière avec l'Irak, a indiqué à la chaîne de télévision pro-PKK Roj TV, Ertan Eris, membre du conseil provincial de Sirnak.

La télévision locale a diffusé des images montrant des cadavres recouverts de couvertures et allongés à même le sol sur une colline enneigée tandis que des gens se massaient autour d'eux en criant et en pleurant. Plusieurs corps ont été hissés sur des ânes afin d'être déposés dans des voitures et évacués vers un hôpital.

Des contrebandiers?

Ertan Eris a expliqué qu'un groupe d'une trentaine de personnes, des jeunes pour la plupart, âgés de 16 à 20 ans, avaient traversé la frontière à des fins de contrebande. Les chasseurs turcs pourraient avoir effectué un pilonnage par accident, prenant les villageois pour des membres du PKK, avait affirmé une source de sécurité locale. Les habitants de cette zone se rendent fréquemment en Irak par des voies illégales pour rapporter du carburant et du sucre bon marché afin de les revendre en Turquie.

Selahattin Demirtas, chef du BDP, principale formation pro-kurde de Turquie, a dénoncé un "massacre", assurant que l'ensemble des victimes étaient des civils. "C'est clairement un massacre de civils, dont le plus âgé a 20 ans", souligne le communiqué.

afp/cab

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Regain de violence depuis l'été

L'armée turque qui bombarde régulièrement les repaires du PKK dans le Kurdistan irakien, fait face depuis l'été à une flambée de violence des rebelles qui utilisent leur bases arrières en Irak, pays voisin, pour lancer des attaques contre des objectifs en territoire turc, près de la frontière.

Les autorités ont annoncé la semaine dernière que 21 rebelles avaient été tués dans des combats avec les forces armées turques à Diyarbakir, principale province du sud-est anatolien à majorité kurde.

Le PKK, qui est considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays, a pris les armes en 1984 et le conflit a fait au moins 45'000 morts.