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Un accord sur le climat trouvé in extremis à Durban

La cheffe de la diplomatie sud-africaine et présidente de la conférence sur le climat Maite Nkoana-Mashabane (à droite) applaudie après l'obtention de l'accord. [Rajesh Jantilal]
La cheffe de la diplomatie sud-africaine et présidente de la conférence sur le climat Maite Nkoana-Mashabane (à droite) applaudie après l'obtention de l'accord. - [Rajesh Jantilal]
Les représentants de quelque 190 pays ont fini par adopter dimanche à Durban une feuille de route vers un accord pour tous les pays de la planète en 2015 sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L'objectif est que cet accord entre en vigueur à l'horizon 2020.

La nature juridique de l'accord devra encore être précisée. Au bord de l'épuisement après 14 jours de négociations et deux nuits blanches, les ministres et délégués réunis à Durban en Afrique du Sud ont également trouvé un accord pour poursuivre, au-delà de 2012, le protocole de Kyoto. Avec ce protocole, la communauté internationale voulait limiter la hausse de la température de la planète à +2 degrés Celsius.

L'addition des promesses des différents pays en termes de réductions d'émissions ne permet cependant pas, loin s'en faut, d'atteindre cet objectif. Selon une étude présentée cette semaine à la Conférence de l'ONU sur le climat, le monde est engagé sur la voie d'une hausse de 3,5 degrés du thermomètre mondial.

La poursuite du protocole de Kyoto

Une décision sur l'avenir de ce protocole, seul outil juridique contraignant qui limite les émissions de gaz à effet de serre de la plupart des pays industrialisés, était l'un des points clés du rendez-vous sud-africain. Les pays en développement, qui en sont exonérés, y tiennent fermement car il offre une "paroi étanche" entre les pays du nord, qui ont une responsabilité "historique" dans l'accumulation de CO2 dans l'atmosphère, et le reste de la planète.

Conclu en décembre 1997 et entré en vigueur en février 2005, le protocole impose aux pays industrialisés de réduire leurs émissions de six substances responsables du réchauffement, au premier rang desquels le CO2. Une exception notable toutefois: les Etats-Unis qui ne l'ont pas ratifié.

Les délégués se sont mis d'accord sur le lancement d'une deuxième période d'engagements qui concernera principalement l'Union européenne. Le Canada, le Japon et la Russie ont indiqué de longue date qu'ils ne souhaitaient pas s'engager une nouvelle fois.

Fonds vert mis en place

La mise en place du mécanisme de fonctionnement du Fonds vert, destiné à aider financièrement les pays en développement à faire face au changement climatique, a également été adopté à Durban.

L'ONG Oxfam a vivement critiqué l'issue de cette réunion. Oxfam juge que les négociateurs ont "évité de peu un effondrement" du processus en se mettant d'accord sur "le strict minimum possible".

Maite Nkoana-Mashabane, ministre sud-africaine des Affaires étrangères qui préside la conférence, avait, dès le début de la séance plénière dans la nuit, reconnu que le paquet de décisions sur la table n'était "pas parfait". Mais elle avait appelé à ne pas "laisser la perfection être l'ennemie du bien".

afp/hof


LA SUISSE SATISFAITE

La délégation suisse présente à la conférence sur le climat de Durban s'est déclarée satisfaite de l'accord sur une feuille de route trouvé en Afrique du Sud. Parlant de "négociations âpres",  elle se félicite du résultat "positif" dans un communiqué

Bruno Oberle, qui a représenté l'Office fédéral de l'environnement à Durban, se réjouit de la mise en oeuvre d'un principe de responsabilité commune qui va obliger tous les Etats à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.   

"Le changement de paradigme permet aux négociations internationales sur le climat de faire un grand pas en avant", a conclu le directeur de l'OFEV.     

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Le conciliabule qui a sauvé la réunion

Une commissaire européenne et une ministre indienne négociant les termes d'un texte sous le regard des dizaines de négociateurs et d'ONG: c'est un étonnant conciliabule qui, en pleine nuit dimanche, a contribué à débloquer la conférence sur le climat de Durban.

"De quel instrument légal est-on en train de parler?" En réunion plénière, d'une voix pleine de colère, la ministre indienne de l'Environnement, Jayanthi Natarajan s'élève contre l'Europe sur la nature juridique que doit revêtir un futur accord global pour 2015 que réclame l'Union européenne. La Chine se joint bientôt aux Indiens et les discussions se tendent.

Une suspension de séance est alors demandée pour tenter d'aplanir le différend. Et l'on voit alors l'une de ces scènes étonnantes qu'offrent ces négociations climatiques auxquelles participent plus de 190 pays sous l'égide de l'ONU.

La commissaire européenne en charge du climat Connie Hedegaard s'assoit face à la ministre indienne, en quête des mots justes, et, autour des deux femmes, debout, des dizaines de participants de la plénière venus assister à la scène.

Comme un instantané résumant 14 jours et deux nuits blanches de négociations âpres, avec un ministre chinois, le chef de délégation brésilienne, la présidente sud-africaine de la conférence, une ministre française tentent de sortir de l'impasse sous le regard très attentif du principal négociateur américain.

"Une solution concertée ayant une force légale au lieu d'une issue légale?" La proposition est lancée à la cantonade. Applaudissements. On se serre les mains. Le texte est promptement amendé et la séance plénière peut reprendre. L'accord de Durban se dessine et sera officiellement adopté un peu plus tard dans la nuit.