Publié

RD Congo: résultats de la présidentielle repoussés

Joseph Kabila fait la course largement en tête dans ces élections. [JUNIOR D.KANNAH]
Selon des résultats partiels, Joseph Kabila serait largement en tête du scrutin - [JUNIOR D.KANNAH]
Les résultats complets provisoires de la présidentielle du 28 novembre en République démocratique du Congo prévus le 6 décembre ont été repoussés de 48 heures maximum, a annoncé mardi soir la Commission électorale (Céni) à Kinshasa, quadrillée par la police.

Ce report du résultat des 11 candidats en lice a été annoncé dans la soirée de mardi à la télévision d'Etat (RTNC) par la Céni. "Nous n'avons pas tous les PV des 169 CLCR", les centres locaux de compilation des résultats, a expliqué à l'AFP Matthieu Mpitta, le rapporteur de la Céni.

Au lieu des résultats globaux, la Céni a en donné de nouveaux partiels sur un peu plus de 89% des bureaux, au moment où le mandat de cinq ans du président sortant Joseph Kabila expirait ce mardi à minuit.

Selon ces résultats Joseph Kabila, 40 ans, élu en 2006, creuse l'écart avec 49% et devance d'environ 2,6 million de voix l'opposant Etienne Tshisekedi (33,3%), 78 ans, qui dès vendredi dernier rejetait ce décompte et se faisait menaçant.

Crainte de débordements

"L'UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) met en garde Ngoy Mulunda (le chef de la Céni) et Kabila pour qu'ils respectent la volonté du peuple", avait tonné le chef de l'UDPS, ajoutant qu'"en cas de besoin" il lancerait un "mot d'ordre", sans plus de précisions.

A Kinshasa, la capitale plutôt favorable à l'opposition, la journée a été vécue dans la crainte de débordements violents. Après des violences meurtrières durant la campagne et le jour du vote, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a rappelé mardi qu'il suivait "de près" la situation.

"Je tiens à réitérer les propos que j'ai tenus le 11 novembre: nous suivons de près la situation et nous ne tolérerons aucun recours à la violence", a déclaré Luis Moreno-Ocampo. Mais comme le reste du pays, la capitale est restée calme, et vide.

De nombreux Kinois sont restés chez eux, les taxis étaient plus rares. Signe d'une crainte ambiante, à la nuit tombée les rues étaient désertes. Dans les différents quartiers visités dans la journée par l'AFP, la police était présente mais pas omniprésente.

Quelques convois de pick-up et de camions chargés de policiers ont circulé sur les grands axes. Environ 20'000 militaires, encasernés, étaient mobilisés dans la capitale.

Chasse aux partisans de l'opposition

Dans le quartier de Limete, la police est venue faire sporadiquement la chasse aux partisans de Tshisekedi pour éviter tout rassemblement, tout en se tenant à distance du QG du parti de l'opposant, l'Union pour la démocratie et le progrès social, a constaté l'AFP.

Il n'y a pas eu d'affrontements. En revanche des manifestations d'opposants congolais ont dégénéré en violence dans plusieurs capitales étrangères, comme à Paris, Londres, Bruxelles, et aussi à Toronto.

Organisé de façon chaotique, entaché d'irrégularités et de soupçons de fraudes, le double scrutin présidentiel et législatif à un tour du 28 novembre a été émaillé de violences meurtrières.

Entre le 26 et le 28 novembre, 18 civils ont été tués, dont 14 à Kinshasa, selon Human rights watch, qui a mis en cause la Garde républicaine (GR, ex-garde présidentielle). Les résultats définitifs de la présidentielle devront être proclamés le 17 décembre par la Cour suprême, et le nouveau président prêtera serment le 20. Les résultats provisoires des législatives doivent être annoncés mi-janvier.

ats/mre

Publié